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divin sourire anime le visage de l’enfant; quant à saint Joseph, il exprime à la fois l’étonnement et l’humilité; c’est dire assez que l’auteur a très-bien rendu ce dernier personnage. M. Périn donne au Christ guérissant les aveugles et les sourds le nom de Christ enseignant. Quoique les miracles soient un moyen de persuasion dans les questions de foi religieuse, je crois qu’il eût mieux valu nous offrir le Christ au milieu des docteurs. Il me semble qu’un tel choix eût été plus conforme aux traditions évangéliques. La foule ne comprend qu’à grand’peine comment une guérison miraculeuse est un enseignement. Cette objection une fois soumise à l’auteur, il est juste de reconnaître qu’il a tiré de son sujet un excellent parti. Le Sauveur et les malades qu’il convertit en les guérissant sont d’un beau dessin et d’un grand caractère. Expression des visages, ajustement des draperies, tout est conçu, tout est rendu selon l’esprit du sujet. — Le Christ couronné d’épines ne soulève aucune objection. C’est en effet la représentation éloquente de la force morale. Un bourreau couronne le Christ d’épines; un autre lui donne le roseau; ils rient et l’injurient. Le visage du personnage principal respire le courage et la résignation. Quant aux bourreaux, M. Périn a su donner à leur physionomie l’accent de la brutalité en évitant pourtant de descendre jusqu’à la laideur. En somme, c’est une composition très-digne d’éloges. Enfin, dans le dernier pendentif, nous voyons le Christ près du tombeau, soutenu par saint Joseph d’Arimathie et saint Nicodème. De l’autre côté sont la sainte Vierge et sainte Magdeleine; debout, derrière le Christ, le disciple bien-aimé montre la couronne d’épines et les clous. Il est permis de se demander si le Christ sur la croix n’exprimerait pas la Charité plus vivement que le Christ mort. Cependant je n’oserais blâmer le parti adopté par M. Périn, car la couronne d’épines et les clous rappellent assez clairement le supplice du Sauveur. La Vierge, la Magdeleine, saint Jean, sont empreints d’une douleur profonde; je dirai même que leur douleur a quelque chose de passionné. Saint Joseph d’Arimathie et saint Nicodème semblent contenir leur affliction par pitié pour Marie.

Ainsi les pendentifs ne sont pas inférieurs à la coupole. C’est la même grandeur de conception, la même élévation de style. En contemplant ces murailles animées par la pensée religieuse, il n’est pas difficile de comprendre que toutes ces figures ont été créées lentement, qu’il n’y a pas dans ces compositions un seul personnage improvisé. Chaque mouvement paraît nécessaire, il ne semble pas possible de le concevoir autrement; mais pour atteindre à cette simplicité, à cette évidence, il a fallu passer par de nombreux tâtonnemens. Aux yeux des improvisateurs, c’est un signe de faiblesse; aux yeux des hommes sensés, c’est une preuve de respect pour l’art et pour le