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À côté de ces deux toiles, nous en trouvons trois autres qui feraient aussi à elles seules l’honneur d’une galerie, la Françoise de Rimini et le Christ consolateur de M. Ary Scheffer, puis la Mort du duc de Guise de M. Delaroche, tableau qui, malgré sa dimension, est une des œuvres capitales de ce talent souple et élevé, de cet intelligent pinceau. La scène est largement conçue; les effets épisodiques, les vérités de détail, malgré leur fini merveilleux, ne détournent pas l’attention : ce bijou qu’aurait signé Terburg produit une impression solennelle et terrible. Quant à la Françoise de Rimini et au Christ consolateur, la gravure les a rendus populaires. Il semblerait, tant la pensée tient de place dans les compositions de M. Ary Scheffer, que le burin d’un Calamata et d’un Henriquel dût toujours réussir à les traduire tout entières; mais on voit qu’il n’en est rien devant ce Christ et surtout devant cette Françoise de Rimini. C’est un tableau qui vivra, aussi bien par la qualité de la peinture que par le charme indéfinissable de la composition, rêverie pleine de larmes et de délices, si chaste et si voluptueuse à la fois.

N’oublions pas cinq tableaux ou études de M. Eugène Delacroix. Tous les trésors de cette riche palette, toute la fantaisie de cette libre pensée, sont prodigués et dans l’Assassinat de l’évêque de Liège et dans l’Hamlet et le Fossoyeur. Nous devons signaler aussi trois des plus hardies et des plus fougueuses compositions de M. Decamps, la Bataille des Cimbres, Joseph vendu par ses Frères et Samson combattant les Philistins. Pour ceux même qui n’admettent pas sans réserve cette manière de peindre, ces trois tableaux sont d’un prix inestimable et par l’éblouissante magie de la couleur, et par l’accent vraiment original du dessin et de la composition.

Citons encore les noms si justement aimés du public, de Granet, de Bonington, de Marilhat, de Tony Johannot, — tous quatre enlevés déjà par la mort; citons enfin MM. Aligny, Cabat, Corot, Gudin, Paul Huet, Isabey, Jadin, Lehmann, Lepoitevin, Meissonier, Robert Fleury, Roqueplan, Rousseau, Henri Scheffer, etc., qui tous avaient travaillé pour le prince, parfois même sous ses yeux et sous son inspiration.

Telles étaient les richesses de cette galerie. Le dimanche 16 et le lundi 17 janvier, l’exposition en sera publique; on pourra une fois encore voir ces tableaux réunis, puis ils iront, comme tous les biens de cette royale maison, se disperser en des mains étrangères.


L. VITET.




REVUE LIITERAIRE.

Le Danemark, dont nous retracions, il y a quelques semaines, le mouvement littéraire depuis cinquante ans[1], a donné, dans le cours de l’année qui Vient de s’écouler, de nouvelles preuves de cette activité intellectuelle déjà révélée par tant d’importans travaux. C’est surtout dans la voie des. études archéologiques et ethnographiques que le mouvement a été sensible, c’est dans quelques publications récentes qu’il est curieux de l’observer. L’ethnographie et l’archéologie sont devenues des sciences populaires en Danemark.

  1. Voyez la livraison du 15 novembre.