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ans, que, lorsqu’elle se vendit aux enchères en 1810, les 47 animaux dont elle se composait, dont douze au-dessous d’un an, furent achetés 178,000 francs. La race à courtes cornes améliorée s’est étendue depuis cette époque dans toute l’Angleterre, en Écosse et en Irlande, et elle s’introduit depuis quelque temps en France. Les animaux qui en sont issus peuvent s’engraisser dès l’âge de deux ans, et atteindre à cet âge un poids énorme qu’aucune autre race ne peut donner aussi vite. Leur tête, leurs jambes et leurs os en général ont été réduits à de si minces proportions, et les parties du corps les plus charnues si largement développées, qu’ils rendent près des trois quarts de leur poids en viande.

Après la race à courtes cornes de Durham, qui est pour les bœufs ce qu’est pour les moutons la race de Dishley, viennent celles de Hereford et de Devon, qui peuvent être comparées aux South-Downs et aux Cheviot. La race de Hereford suit de près celle de Durham et est même plus généralement recherchée qu’elle, comme offrant presque la même précocité, la même aptitude à l’engraissement, avec plus de rusticité. Le comté de Hereford, d’où elle est sortie, est situé au pied des montagnes du pays de Galles, et, bien que renommé pour ses bois, ses pâturages et ses sites, n’a que des terres d’une fertilité médiocre. Les bœufs qu’il produit sont rarement engraissés dans le pays, ils sont achetés en général par des herbagers qui les emmènent dans des cantons plus fertiles, où ils prennent leur entier développement, ce qu’il est difficile de faire pour les Durham, qui exigent dès leur naissance une alimentation abondante. Le comté de Hereford est ainsi, pour une grande partie de l’Angleterre, ce que sont en France l’Auvergne ou le Limousin, une contrée d’élevage dont les produits s’exportent de bonne heure et vont de proche en proche alimenter le marché de la capitale. C’est à un contemporain de Bakewell, nommé Tomkins, qu’est dû le perfectionnement des Hereford.

La race de Devon est une race de montagne, qui travaillait beaucoup autrefois et qui est encore soumise au travail sur quelques points; elle est petite, mais admirablement conformée.

Toutes les autres races de la Grande-Bretagne, sans avoir atteint précisément la même perfection, ont été améliorées dans le même sens. L’Écosse en produit aussi plusieurs qui jouissent d’une grande réputation; les bœufs écossais sortent de leurs montagnes à l’âge de trois ou quatre ans pour venir s’engraisser en Angleterre ; tels sont les bœufs dits de Galloway, la race noire sans cornes du comté d’Angus, et cette admirable race des highlands de l’ouest, une des plus merveilleuses. créations de l’homme, qui vit sans abris sur les plus sauvages montagnes du nord, et qui, malgré la stérilité du sol et la