seulement en vue de secourir, comme on l’a toujours fait, les individus isolés qui tombent sur l’âpre chemin du travail, qu’il fallait s’occuper des masses laborieuses ; c’était surtout en vue de satisfaire à des besoins nouveaux, besoins collectifs nés du développement de l’industrie ; c’était en vue de fortifier les liens qui, malgré les différences de situation, unissent naturellement les divers intérêts engagés dans la production. La société dispose, sans doute, d’une assez grande force pour triompher des attaques auxquelles elle est exposée ; mais son vrai triomphe, c’est d’en rendre l’emploi inutile et de faire naître la sécurité publique de la cohésion même des intérêts. Quelles sont donc les institutions qui existent dans la contrée stéphanoise soit pour éclairer les ouvriers, soit pour les soutenir dans les épreuves de la vie ?
Les institutions de ce genre appartiennent ici à l’initiative des communes ou à celle de quelques grands établissemens industriels. En fait de créations municipales, vous trouvez comme partout des salles d’asile et des écoles primaires. Saint-Étienne possède neuf asiles dirigés par les sœurs de l’ordre de Saint-Joseph et occasionnant une dépense annuelle de 6 à 8,000 francs. Les écoles pour les garçons et pour les filles en coûtent environ 40,000, et reçoivent à peu près quatre mille enfans. Sur sept écoles de garçons jouissant d’une allocation municipale, six sont tenues par des frères de la doctrine chrétienne, et toutes les classes de filles sont dirigées par des religieuses. Deux classes d’adultes pour les hommes, et une pour les femmes, s’ouvrent le soir durant une partie de l’année. Quelque étendus que soient ces moyens d’instruction gratuite, ils sont encore trop restreints, si on les compare aux besoins d’une ville de plus de 50,000 âmes, où la population ouvrière occupe une si large place. À Rive-de-Gier, le vide est plus grand encore : huit ou dix frères doivent y suffire à l’éducation d’un millier d’enfans. Certains grands établissemens particuliers sont allés plus loin que les communes dans le champ des institutions destinées aux classes laborieuses. À Terre-Noire, par exemple, ces fondations embrassent toute la vie du travailleur. Salles d’asile pour les jeunes enfans, écoles pour les garçons jusqu’au moment où ils sont admis au travail, classes du soir pour les adultes, écoles pour les jeunes filles, caisse de secours mutuels largement dotée par l’usine, infirmerie ouverte à tous les membres de la famille ouvrière, tels sont les principaux traits d’un tableau que vivifie partout le sentiment de la charité chrétienne. Sur un théâtre beaucoup plus vaste, la compagnie des mines de la Loire possède des institutions analogues qui intéressent 15 à 18,000 individus. Certes, de graves devoirs étaient imposés, sous ce rapport, à cette puissante association. Les grandes sociétés privées participent en quelque sorte du caractère de l’autorité publique. Plus sont nombreuses les individualités qu’elles