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d’assistance ou d’éducation pour les ouvriers. Ses efforts en ce genre datent presque de sa fondation. Son organisation lui permettait d’ailleurs de grouper des élémens divers et, en agissant dans de vastes proportions, d’atteindre à des résultats inaccessibles aux forces individuelles. Trois établissemens ont été créés par la compagnie, sous l’heureux nom de maisons des ouvriers, à Lorette, près de Rive-de-Gier, au Soleil, et à la Ricamerie, près de Saint-Etienne. Ces trois établissemens, qui sont le pivot de toute son action secourable, supposent une immense clientèle de travailleurs et de grandes ressources financières. Entourée de cours, de jardins et de prairies, chaque maison d’ouvriers renferme un hôpital pour les mineurs blessés en travaillant[1], un asile pour les enfans des deux sexes, une école et un ouvroir pour les jeunes filles. Les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul sont à la tête de ces établissemens, et à une charité touchante elles joignent des exemples d’ordre et de propreté qui trouveront là une-voie pour se répandre parmi les familles laborieuses. S’il est un moyen de réagir sur les habitudes des ménages d’ouvriers, c’est précisément dans l’éducation des filles qu’on le trouvera. L’instruction des jeunes garçons formerait sans doute, bien qu’à un moindre degré, un autre élément d’influence. Aussi est-il à regretter que la compagnie laisse aux parens le soin de les envoyer aux écoles communales jusqu’au moment où ils descendent dans les puits. On avait eu la pensée de fonder, sous la direction des ingénieurs de la société, une classe de mineurs qui aurait servi de pépinière pour recruter les chefs des travaux. Ce projet, dont diverses circonstances ont empêché la réalisation, serait un utile encouragement donné au travail.

L’aide prêtée aux familles laborieuses ne se renferme pas dans les maisons d’ouvriers. Pour tous les charbonniers malades par l’effet d’autres causes que des blessures reçues en travaillant, et pour leurs familles, on a organisé un service médical à domicile entièrement gratuit, et dans lequel une large part est encore laissée aux sœurs de charité. Bien que ces soins réduisent un peu le rôle des sociétés d’assistance mutuelle entre ouvriers, la compagnie, réunissant en bloc plusieurs associations de ce genre qui existaient isolément avant sa formation, a créé une caisse générale de secours au moyen d’un léger prélèvement sur les salaires, d’une subvention égale à la masse de ces prélèvemens[2], et du produit des amendes disciplinaires. Exonérée des frais de maladie, la société mutuelle donne des secours en argent aux ouvriers blessés ou malades, à leurs enfans en bas-âge, aux mères,

  1. Dans les concessions isolées, on ne délaisse point les ouvriers blessés; les propriétaires de mines les font soigner à leurs frais à l’hôpital civil.
  2. La compagnie s’est réservé le droit de supprimer la subvention; mais il n’est sans doute pas à craindre qu’elle use de ce droit.