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Kema. Dès que la soumission, aujourd’hui incomplète, de cette longue péninsule serait achevée, l’industrie européenne, favorisée par la température modérée des plateaux sur lesquels elle devrait s’établir, n’aurait plus qu’à se mettre à l’œuvre. La résidence compterait alors quatre districts placés dans des conditions également favorables : le Minahassa ou province de Menado, qui comprend un territoire d’environ cinq mille kilomètres carrés; l’état de Magondo et tous les petits royaumes limitrophes du district de Tondano; les possessions du sultan de Gorontalo et celles du sultan de Bewool; les alentours de la baie de Palos et le petit état de Tontoli. L’emploi de quelques steamers et d’un millier de soldats assurerait promptement la pacification de la province : les colons hollandais et les subsides du gouvernement feraient le reste.


III.

Pour nous rendre vers un autre point de l’île Célèbes, le district de Macassar, nous avions une assez longue navigation à faire. Le 9 juin 1849, nous quittâmes dès la pointe du jour le mouillage de Menado, et nous nous dirigeâmes, en passant entre les îles Sanguir et le cap Coffin, vers la mer des Moluques. Nous revîmes encore une fois les sommets de Tidore et de Ternate, l’île déserte d’Oby et Lissa Matula, de fastidieuse mémoire[1]. Il nous fallut louvoyer pendant plusieurs jours avec un temps constamment pluvieux et des brises inégales pour atteindre le large passage qui s’ouvre entre les îles Xulla et la côte septentrionale de Bourou. Dès que cette dernière île fut dépassée, le temps s’éclaircit, et la mousson d’est nous conduisit rapidement, par les détroits de Wangi-Wangi et de Salayer, au fond de la baie de Bonthain, où nous devions faire une courte station avant de reprendre notre route vers Macassar.

Les districts contigus de Boule-Comba et de Bonthain comprennent une population de 29,000 âmes sur une étendue d’environ 260 lieues carrées ; c’est la population la plus fière et la plus belliqueuse de l’île, on peut même ajouter de l’archipel indien; aussi ne saurait-on assez admirer l’ascendant moral par lequel deux ou trois Européens gouvernent cette race indomptable. Il existe à Bonthain une sorte de forteresse aux boulevards de gazon et de terre garnis de quelques pièces d’artillerie. C’est dans cette enceinte qu’est logée la garnison javanaise. L’employé hollandais qui remplit sur ce point isolé les fonctions de résident habite à quelques pas de la plage une

  1. Voyez, dans la livraison du 15 octobre 1851, les Moluques sous la domination hollandaise.