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DES


VOIES MARITIMES.




LES PAQUEBOTS TRANSATLANTIQUES.




La Grande-Bretagne et les États-Unis possèdent aujourd’hui des flottes de paquebots. Partout où se porte l’activité humaine, ces deux puissances se hâtent de créer des services de bateaux à vapeur qui multiplient les relations et les rendent faciles, régulières et rapides. L’Atlantique, la mer du Sud, l’Océan Indien, les mers de l’Australie, sont sillonnés en tous sens par ces bâtimens merveilleux qui bravent, sur leurs ailes de flamme, les courans et les brises contraires, l’ouragan et les calmes. La France a jusqu’ici abandonné à d’autres peuples l’exploitation de ces vastes domaines, et les roues de ses paquebots ne connaissent encore que les flots de la Méditerranée.

Le 16 mai 1840, M. Thiers, président du conseil des ministres, montait à la tribune de la chambre des députés, et présentait un projet de loi relatif à la création des services transatlantiques. « La navigation par la vapeur, disait-il, a fait de tels progrès depuis quelques années, que des questions naguère encore douteuses se trouvent maintenant complètement résolues. De grands espaces ont été parcourus en peu de jours par des bâtimens à vapeur : plusieurs ont déjà fait de nombreuses traversées d’Angleterre en Amérique, et il n’est bruit que de projets d’établissemens nouveaux formés chez nos voisins pour correspondre avec toutes les parties du globe. Au milieu de ce mouvement imprimé à des entreprises éminemment utiles, la France ne saurait demeurer inactive ; notre commerce souffrirait nécessairement des retards que les communications de nos ports avec l’Amérique éprouveraient, tandis que celles de nos concurrens deviendraient chaque jour plus nombreuses et plus rapides. Il y a donc pour nous nécessité absolue de marcher dans la même voie et de ne pas nous y laisser devancer plus longtemps par d’autres nations. » Voilà plus de douze ans que ces paroles ont été prononcées. Les prédictions de M. Thiers se sont réalisées : nos concurrens nous ont devancés sur tous les points. En France, suivant l’expression consacrée, la question est encore à l’étude.