à l’heure, et au besoin 12,000; ce sont les plus grandes et les plus actives que Ton connaisse en Angleterre.
C’est encore M. Walter qui a introduit, il y a une quinzaine d’années, dans la presse anglaise le sommaire des débats du parlement. Par suite de la lutte engagée entre tous les journaux, le compte-rendu des deux chambres a acquis l’ampleur de notre Moniteur : il n’occupe pas moins de huit ou dix colonnes, et souvent plus, imprimées dans un caractère très-fin, et qui équivalent pour la matière à un volume in-18 ordinaire. Walter comprit que ces comptes-rendus, fort utiles aux hommes politiques et aux lecteurs de loisir, n’étaient d’aucun service aux gens occupés et pressés, qui ne les pouvaient jamais lire et qui avaient cependant besoin de voir en quelques minutes ce qui s’était passé la veille au parlement. Il imagina donc de donner en tête de la partie politique du journal un sommaire des débats qui contiendrait en une colonne la substance de toute la discussion. Il fallait une plume exercée pour résumer dans ce court espace tout un débat, en faisant connaître les points principaux touchés par les orateurs. Walter confia ce travail à l’un des écrivains les plus distingués de l’Angleterre, M. Horace Twiss, qui avait été lui-même membre de la chambre des communes. Tel fut le succès de ce sommaire, que tous les journaux furent contraints d’en donner un semblable, et le soin de le rédiger est devenu un des postes importans de chaque journal.
Le Times, le Post et le Chronicle sont des journaux du matin : quelques mots suffiront pour expliquer la naissance des journaux du soir. La poste ne partant de Londres qu’à la fin de la journée, l’idée devait venir facilement à un homme du métier de retarder jusqu’à ce moment la publication d’un journal, afin de pouvoir donner les nouvelles reçues dans la matinée et d’arriver cependant en province en même temps que les feuilles du matin. On avait, par le fait, sur celles-ci une avance d’une demi-journée. La publication de ces journaux fut nécessairement réglée sur les jours de la poste. Aussi est-ce à la fin de 1727 qu’on trouve pour la première fois en Angleterre un journal du soir paraissant trois fois par semaine, et c’est à la fin du XVIIIe siècle seulement, quand la poste partit tous les jours, que Pierre Stuart fonda le Star, le premier journal quotidien du soir. Un second journal parut en 1791, et le nombre s’en est successivement accru jusqu’à cinq. La guerre continentale fut l’époque la plus prospère des feuilles du soir, parce que la curiosité publique était toujours en éveil. Nous avons vu que Daniel Stuart, en aliénant le Morning Post, avait gardé le Courrier. Avec l’aide de son associé Strutt, il en fit bientôt le journal du soir le plus en vogue et une entreprise des plus lucratives. Stuart était en bonnes relations avec le ministère Percival, et grâce à ces relations, il était toujours bien informé. Ce n’est pas qu’il tirât parti de son dévouement, car un jour le premier ministre lui ayant demandé la suppression d’un article qui pouvait avoir des conséquences fâcheuses, Stuart mit au pilon 3,500 exemplaires déjà tirés, et exigea de son associé la promesse de n’accepter aucun dédommagement pécuniaire, de peur que, le fait venant à s’ébruiter, on ne prétendît que l’article avait été fait pour extorquer de l’argent au ministère. Les journaux du soir étaient alors fort recherchés, parce qu’ils publiaient le cours des fonds publics aussitôt après la clôture de la Bourse, parce qu’ils contenaient toutes les nouvelles des feuilles du matin, et