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atteinte et même dépassée dans quelques-uns de nos départemens. Les différences qui existent sur notre propre sol doivent donc nous aider à comprendre la distance générale entre les deux pays. Ce produit de 200 francs par hectare, qui était obtenu dans le royaume-uni sur une moitié du territoire, ne l’est chez nous que sur un dixième environ ; quatre autres dixièmes se tiennent au niveau de l’Irlande et de la Basse-Ecosse ; c’est la dernière moitié qui abaisse surtout la moyenne, bien que l’équivalent de la Haute-Ecosse ne s’y trouve pas.

Cette supériorité de produits se démontre d’ailleurs par deux faits qui servent à contrôler les chiffres donnés par la statistique : le premier est l’état de la population, le second le prix vénal des terres.

Lors du dénombrement de 18Al, la population totale du royaume-uni était de 27 millions d’âmes, et celle de la France de 34. Ainsi, quand le royaume-uni nourrissait presque une tête humaine par hectare, la France en nourrissait une seulement par hectare et demi : en supposant la consommation égale des deux parts, ce qui doit être exact dans l’ensemble, car si la population anglaise consomme en général plus que la population française, la population irlandaise consomme moins, nous retrouvons à peu près le même résultat que par l’examen comparatif des deux agricultures ; la balance penche même un peu du côté du royaume-uni : c’est l’importation des denrées alimentaires qui rétablit l’équilibre.

Si nous divisons les deux populations par régions, la comparaison nous donnera encore les mêmes résultats.

L’Angleterre proprement dite, même en y comprenant le pays de Galles, nourrissait en 1841 quatre têtes humaines sur 3 hectares, ce qui se retrouve en France dans les départemens où la production est aussi forte ; l’Ecosse prise dans son ensemble n’avait qu’une tête sur 3 hectares, et notre région du centre et de l’est une sur 2 ; l’Irlande comptait une tête par hectare, et notre région du sud-ouest une sur 2, ce qui indiquerait pour l’Irlande une production double mais la malheureuse population irlandaise étant beaucoup moins bien nourrie que la nôtre, le rapport se rétablit.

Quant à la valeur moyenne des terres, qui se proportionne en général à la quantité des produits obtenus, elle était, pour les terrains de l’Angleterre proprement dite, de 1,000 francs l’acre ou 2,500 francs l’hectare, et pour le reste du royaume-uni, non compris la Haute-Ecosse, de la moitié environ de ce chiffre, ou 1,250 francs. La Haute-Écosse avec ses terres incultes valait tout au plus 125 francs l’hectare. En retranchant 20 pour 100 de ces prix, on arrive à une moyenne de 2,000 francs pour l’Angleterre, de 100 francs pour la Haute-Ecosse, et de 1,000 francs pour le reste du pays, soit en moyenne générale 1,350 francs.