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de la production, et la richesse se multiplie par elle-même.

Malgré cette part faite à l’impôt et aux frais accessoires, quand ce qui reste du produit brut se divisait entre ceux qui avaient concouru à le former par leur capital, leur intelligence et leurs bras, la part qui revenait à chacun d’eux était plus grande en Angleterre qu’en France.

D’abord la rente du propriétaire ou le revenu du capital foncier. — L’idée de la rente n’est pas aussi généralement dégagée en France qu’en Angleterre, elle se confond avec le profit de l’exploitant et le revenu du capital d’exploitation, quand le propriétaire dirige lui-même la culture, et même avec le salaire proprement dit, quand il cultive son bien de ses propres mains. On peut cependant évaluer à 30 francs par hectare la rente moyenne des terres en France, c’est-à-dire le revenu net du capital foncier, déduction faite de tout revenu du capital d’exploitation, de tout salaire et de tout profit, soit en tout 1,500 millions pour nos 50 millions d’hectares cultivés ou non. On sait plus exactement, par suite de l’organisation de la culture anglaise, qui sépare presque toujours la propriété de l’exploitation, quelle était avant 1848 la rente des propriétés rurales dans les diverses parties du royaume-uni.

Le minimum de la rente se trouve à l’extrémité nord de l’Ecosse, dans le comté de Sutherland et dans les îles voisines, où elle descend jusqu’à 1 franc 25 centimes par hectare de valeur nominale, soit 1 franc de valeur comparative. L’ensemble des highlands, qui comprend, avons-nous dit, bien près de 4 millions d’hectares, ne rapporte en moyenne que 3 francs par hectare à ses propriétaires. Le maximum est obtenu dans quelques prairies des environs de Londres et d’Edimbourg, qui se louent jusqu’à 2,000 francs l’hectare ; les rentes de 500 francs, 300 francs, 200 francs, ne sont pas rares dans les Lothians et dans les parties de l’Angleterre qui avoisinent les grandes villes. Toute la partie centrale de l’île, qui comprend, outre le comté de Leicester, le plus central de tous, ceux qui l’environnent, rapporte en moyenne 100 francs par hectare ; c’est sans comparaison la région la plus riche des trois royaumes. À mesure qu’on s’éloigne de ce cœur du pays, la rente descend ; au sud, elle tombe en moyenne, dans les comtés de Sussex, de Surrey et de Hants, à 50 francs l’hectare ; au nord, dans ceux de Cumberland et de Westmoreland, à 30 francs, et à l’ouest, dans les plus mauvaises parties du pays de Galles, à 10. Pour l’Angleterre entière, la moyenne est 75 francs.

Dans la Basse-Ecosse, le million d’hectares qui entoure les deux embouchures du Forth et du Tay rapporte presque autant que le comté de Leicester et ses annexes ; mais, à mesure aussi qu’on s’éloigne de ces terres privilégiées, la rente descend, et la moyenne de la