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à des portes dont il ne reste plus que ces parties métalliques et les pierres entaillées sur lesquelles tournaient les pivots. Par ces portes, au moyen d’une fouille heureusement dirigée, ou a pu pénétrer dans une salle qui a reçu le nom singulier de magasin des jarres. On ne saurait, en effet, se figurer la quantité de poteries de ce genre qu’on trouve accumulées dans cette enceinte : jarres de toute espèce, grandes, petites, larges, étroites, écrasées, rétrécies et accumulées en tel nombre, qu’il est impossible de se figurer comment autrefois on pouvait circuler entre elles. Malheureusement le poids de la terre accumulée sur ces objets fragiles en a brisé la plupart ; M. Place a pu néanmoins retrouver intactes quelques-unes de ces poteries qui deviendront le noyau d’une curieuse collection de céramique assyrienne. Les vases préservés sont de petite dimension et se trouvaient renfermés dans les grandes jarres, au nombre souvent de quatre ou cinq. Ils étaient remplis de terre, comme les autres, mais d’une terre, argileuse et tassé à tel point par les siècles, qu’il a été fort difficile de les vider sans les briser.

Ces jarres renfermaient aussi des objets en cuivre fort curieux. M. Place cite en première ligne des têtes de gazelles repoussées, qui ont la plus frappante analogie avec les objets de même ordre que tiennent à la main des personnages des bas-reliefs assyriens, et qui servaient, sans nul doute, à puiser l’huile ou le vin. Rien de pareil n’avait encore été trouvé dans les fouilles. On a recueilli en outre quelques petits objets usuels, aiguilles, crochets et pendans d’oreilles, comme ceux qu’on voit figurer dans ces mêmes bas-reliefs.

L’accumulation ou pour mieux dire l’introduction de la terre dans toutes ces salles, ces galeries, et dans les vases qu’on y rencontre, est d’autant plus étrange que cette terre argileuse et compacte n’est rien moins que pulvérulente. Il est fort probable qu’elle provient des murailles des édifices qui se sont écroulées autrefois, et que les eaux pluviales ont délayées, puis déposées pendant une longue suite de siècles dans toutes les parties souterraines de ces monumens. Les récentes découvertes céramiques ne se sont pas bornées à cette seule salle. Dans le plan qui accompagne son grand ouvrage, M. Botta avait indiqué, près de l’angle oriental du mur d’enceinte, l’existence d’une chambre renfermant de grandes jarres. M. Place a fait fouiller cette salle, dont il a envoyé un dessin photographique des plus curieux. On y voit, en effet, de grandes jarres d’un mètre soixante-quatre centimètres de hauteur, à demi dégagées du sol qui les enveloppe, alignées avec soin et laissant entre chaque rangée un passage pour la circulation. Ces jarres ne posent pas à terre, mais sont placées sur des marchepieds en chaux de quatorze centimètres de hauteur, posant eux-mêmes sur un plancher de chaux construit avec un grand soin. Des indices certains ont démontré à M. Place que ces jarres,