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loin d’avoir servi d’urnes funéraires, comme on l’avait pensé d’abord, ont simplement contenu du vin. Au fond de chacune d’elles, ou sur la chaux qui les supporte, on reconnaît en effet une sorte de sédiment de couleur violette laissé par le vin. Cette salle était donc un des celliers des rois d’Assyrie.

L’exploration de M. Place embrassait à la fois toutes les parties du palais. En continuant ses fouilles dans toutes les portions du monticule où il avait reconnu ces conduits souterrains qui lui ont permis de constater l’emploi simultané du plein-cintre et de l’ogive par les architectes assyriens, il était arrivé à découvrir les marches en marbre d’un escalier qui s’enfonçait au-dessous du niveau des planchers en briques des salles du palais. Ces vastes degrés, de cinq mètres de long sur quarante centimètres de hauteur d’une marche à l’autre, ont été suivis en montant et en descendant. En descendant, on a rencontré après la sixième marche un pavage en larges dalles d’un calcaire très dur, qui paraît s’étendre sur un vaste espace. En montant, les degrés ont conduit à un dallage de même nature qui, à une distance de cinq mètres, aboutit à une longue colonnade. Ces colonnes, dont M. Place a le premier constaté l’existence dans les monumens assyriens, sont comme moulées en argile très compacte, semblables en cela à la plupart des constructions qui s’élevaient au-dessus du niveau du sol ; elles sont réunies par sections de sept chacune, encadrées par un double pilastre ; un espace de quatre centimètres, suffisant à peine pour laisser pénétrer la lumière, sépare ces colonnes l’une de l’autre. Ces colonnes, d’une assez grande solidité eu égard à la matière qui les compose, puisqu’elles sont restées debout et en place, sont peintes à la chaux ou revêtues d’une sorte de stuc ou mastic noir comme les colonnes en briques de Pompéi. L’existence de deux de ces colonnades a été reconnue, et déjà on avait mis à découvert quatre sections de sept colonnes sans que rien annonçât qu’on fût au bout de l’une de ces rangées. Ces recherches, opérées au moyen de profonds tunnels, n’avaient pas permis de reconnaître encore le couronnement ou chapiteau des colonnes dont la base seule était déblayée. Il est probable que ces grands espaces dallés et ces séries de colonnes ont fait partie de la décoration extérieure du palais, auquel ces colonnades et ces terrasses superposées devaient imprimer un grand caractère.

Jaloux de compléter de toute façon la découverte de M. Botta et de recueillir un certain nombre de ces grandes figures sculptées et de ces bas-reliefs qui revêtaient les murs du palais, M. Place s’est attaché à fouiller certaines parties de l’édifice que son devancier avait reconnues, mais non explorées, particulièrement celles qu’il avait nommées l’édifice ruiné. M. Place avait appris de l’un des habitans du pays, qui avait dirigé les travaux sous M. Botta, que les grands taureaux à face humaine les mieux conservés avaient été rencontrés