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plupart des points intéressans à fouiller avant que les agens de l’Angleterre, si actifs eux-mêmes, eussent pu s’y transporter. Sur l’un des deux monticules de Karamles, M. Place a rencontré a très peu de profondeur des lits de briques superposés à des couches de sable et de bitume, tels qu’on en avait déjà signalé dans le palais de Khorsabad. Quelques-unes de ces briques qui portent des inscriptions ont été recueillies. Ce monticule renferme, sans aucun doute, les restes d’un palais assyrien. Sur le second monticule, on a découvert des colonnes octogones en marbre, un tombeau vide, des fragmens de marbre avec des moulures rappelant l’ordre dorique. M. Place pense avec le colonel Rawlinson que ces débris doivent être parthes. Il a recueilli dans ses fouilles différens objets fort curieux, entre autres une jolie amphore à deux anses.

Sur la rive droite du Zâb, dans des localités voisines des tribus arabes indépendantes, l’existence de plusieurs de ces monticules à ruines a été de même récemment constatée. Les principaux sont ceux de Tell-Chenef portant des débris parthes, — d’Hamra, placé sur la rive même du Zâb, où l’on a rencontré un monument chrétien en marbre, — de Tell-Leben et de Khod Elias, où l’on a reconnu de ces indices qui trompent rarement l’explorateur. Tous ces monticules s’élèvent au sud-est de Khorsabad. L’examen des monticules du nord a été plus profitable encore. Des tranchées ouvertes à Tell-Guirgor ont mis à découvert des jarres brisées renfermant des bracelets de métal, des grains de colliers de différentes substances et de couleurs variées, des fragmens d’or provenant de pendans d’oreilles, un bracelet en or, des vases de différentes formes, dont quelques-unes se rapprochent de celles des lampes employées encore dans le pays.

Il y a lieu d’espérer beaucoup des fouilles que notre consul se propose de pousser activement dans ce monticule de Tell-Guirgor, qui ressemble singulièrement à celui de Shérif-Kan, où les Anglais, après un an de travail, font en ce moment de si belles découvertes en bijoux d’or, cylindres, vases de basalte sculptés et ivoires admirablement travaillés. M. Place a visité avec un égal soin les collines de Semel et de Duloup, où ses tranchées ont amené la découverte de mortiers et autres vases singuliers ; — de Guérépané, où il a reconnu un souterrain en briques dans lequel on a rencontré des ossemens, un fer de flèche et une inscription cunéiforme de quatre lignes, cette inscription a été soumise au colonel Rawlinson, qui y a lu un nouveau nom de roi : c’est donc l’indice d’un monument assyrien. Mais la plus curieuse de ces explorations extérieures est celle du monticule de Maltaï. Maltaï est une forte bourgade construite sur une colline qui sépare la vaste plaine située en arrière de la première ligne des montagnes de la Mésopotamie. Les maisons, à un