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seul étage, couvertes de toits plats légèrement inclinés, s’étagent comme une série de terrasses au pied du château, vaste construction d’origine moderne. Maltaï, en chaldéen, signifie entrée. C’est donc à sa position que cette bourgade doit son nom. Au-delà d’un petit ruisseau qui coule au pied de l’éminence sur laquelle la ville est placée, s’élève une montagne escarpée présentant à son sommet de longues zones de rochers à pic, espèces de murailles naturelles. Sur l’un de ces pans de rochers, on a sculpté de grands bas-reliefs qui comprennent trente-deux figures d’un mètre trente-trois centimètres de hauteur, occupant trois compartimens et représentant des personnages alignés à la file, tenant à la main le bâton du commandement, des couronnes ou anneaux, des rameaux et autres objets, et portés eux-mêmes par des animaux, taureaux ou lions, qui diffèrent de ceux de Khorsabad en ce que tous n’ont pas les ailes, la tête humaine et la tiare. Tous ces personnages se dirigent processionnellement vers un chef ou roi qui porte, lui, la tiare assyrienne, et dont le costume a de l’analogie avec celui des figures des bas-reliefs de Khorsabad. Sauf la coiffure, qui rappelle la toque de nos magistrats et qui est surmontée d’une sorte d’ornement sphérique très bizarre, les costumes des autres personnages ne diffèrent pas non plus essentiellement des costumes assyriens déjà connus.

Le monticule de Bavian, situé au nord-est de Khorsabad, présente, comme Maltaï, un grand nombre de ces bas-reliefs taillés dans le roc. Ces sculptures, qui ont été reproduites par la photographie, paraissent, à l’exception d’un petit nombre, fort dégradées par le temps. Elles sont évidemment l’ouvrage d’artistes assyriens, et représentent des personnages de dimensions colossales qui ont aussi de l’analogie avec les figures des bas-reliefs de Khorsabad. Au-dessus de ces sculptures et tout à l’ail au sommet du roc, une suite d’images des rois assyriens de grandeur naturelle et cette fois semblables de tout point aux figures de Khorsabad sont entaillées dans neuf grands compartimens. Quatre de ces sculptures, placées hors de la portée des destructeurs, sont dans un parlait état de conservation. Comme complément de ces intéressantes découvertes, on a reconnu, dans le ruisseau qui coule au pied de la montagne, un énorme bloc qui s’est détaché des flancs du rocher, et qui, d’une hauteur de plus de quatre-vingts mètres, a glissé dans la rivière ; ce bloc est terminé à chacune de ses extrémités par une sorte de taureau ailé analogue aux taureaux de Khorsabad, mais dont la coiffure ressemble à celle des figures de Maltaï. Plusieurs personnages, sculptés dans ce même bloc, qui n’a pas moins de neuf mètres de hauteur sur six mètres de longueur, accompagnent ces taureaux. Ces sculptures, entaillées dans les flancs mêmes des montagnes, et d’un aspect si grandiose, sont particulières