vient se placer la végétation des zones tempérées et même boréales. On voit en même temps des yuccas et des sapins. Du reste, le bois que nous avons traversé ne rappelait en rien l’aspect des régions septentrionales de l’Europe. Le feuillage des arbres semblait d’un vert moins sombre et d’un effet plus gracieux. Cependant, en approchant de Perrote, la température permet de songer au nord. Etrange contraste propre à un pays élevé qui est situé sous les tropiques ! hier nous étouffions dans les environs marécageux de Vera-Cruz, aujourd’hui nous grelottons sur un plateau des Alpes. Nous dormons ou plutôt nous couchons quelques heures à Perrote.
À trois heures du matin, nous remontons dans la diligence tout transis et ne nous apercevant point que nous sommes sous la zone torride ; mais quel lever de soleil ! quelle scène extraordinaire ! Les grands pics neigeux à l’horizon ; plus près, des montagnes de formes diverses s’éclairant successivement de toutes les teintes de l’aurore, depuis l’azur sombre jusqu’au lilas clair et au rose tendre. Quelques maisons dans cette vaste solitude, quelques aloès sur un terrain aride, forment les première plans de ce paysage grandiose, si différent des frais vallons de Jalapa. La route offre un changement de décoration perpétuel, sauf les sommets volcaniques qui dominent toujours de leurs masses imposantes le mobile horizon. Puis de nouveau une chaleur brûlante s’est fait sentir. Je n’ai plus vu que la poussière dont les tourbillons nous entouraient, et je n’ai plus senti que les affreux cahotemens de la voiture jusqu’à Puebla.
Ces cahotemens sont au-delà de tout ce qu’on peut dire. Chacun se souvient de quelque secousse extraordinaire, quand par accident un cocher coupe mal un ruisseau profond et vous jette sur vos voisins ou contre les parois de la voiture. Eh bien ! sauf de rares exceptions, c’est ce qui se renouvelle continuellement de Vera-Cruz à Mexico. J’admirais la solidité de ces voitures, construites aux États-Unis, et un peu la solidité de ma propre personne. Tantôt le chemin, à peine tracé, va au travers des pierres et des rochers, tantôt on rencontre quelques restes de l’ancienne roule espagnole, et alors on n’en saute que mieux. C’est ainsi qu’on atteint la seconde ville du Mexique, Puebla de los Angeles (la cité des anges), ainsi nommée parce que des anges ont, dit-on, bâti sa cathédrale. Comme en revenant je compte m’arrêter à Puebla, je remets à l’époque de mon retour ce que j’ai à dire de cette curieuse ville et de la grande pyramide de Cholula, qui est à deux lieues de Puebla.
Les Indiens que je vois sur la route ne sont pas beaux ; ils sont gros, courts, et ont un certain air de soprani. Les Peaux-rouges sont mieux taillés, leurs traits sont plus fiers et plus mâles. La peau des Indiens du Mexique est d’un jaune terreux peu agréable. Cette