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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 3.djvu/1243

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des rentes françaises en compensation ? Les fonds du trésor seraient-ils aussi abondans qu’ils l’étaient en 1847, à la suite d’un gros emprunt en partie encaissé ? Et, à défaut de ces ressources, la Banque ne serait-elle pas obligée de limiter sa circulation, et par conséquent de réduire le crédit de 133 millions ouvert actuellement aux spéculateurs sur nantissement de litres de rentes et d’actions de chemins de fer ?

Ces incertitudes contribuent, selon nous, d’une manière beaucoup plus immédiate que le différend turco-russe, sur lequel l’opinion est blasée, à suspendre l’essor des valeurs françaises. Les gens bien avisés enraient jusqu’à ce que la perspective soit éclaircie. Ils veulent savoir si la crise monétaire de Londres sera conjurée par les récentes mesures de la Banque d’Angleterre, ou bien si une contraction plus rigoureuse encore, devenue indispensable pour retenir l’argent qui fuit, ne déterminera pas dans le monde britannique une crise commerciale dont le contre-coup nous atteindrait. En ce qui concerne nos propres affaires, il est prudent d’attendre le moment où on sera suffisamment renseigné sur l’étendue des exportations métalliques. Gardons-nous jusque-là de la confiance irréfléchie, comme d’un découragement sans cause réelle. Avec son encaisse actuel de 453 millions, notre Banque peut encore fournir beaucoup de lingots sans être obligée de réduire sa circulation fiduciaire ; puis, qui sait si les étrangers vendeurs de grains ne se couvriront pas en achetant de nos produits ?

En attendant que la situation se dessine, les esprits spéculatifs sont plus que jamais en effervescence, et comme ils vivent dans la douce persuasion que le capital ne fait jamais défaut au génie, nombre d’affaires dans lesquelles on remue les millions par dizaines sont en voie d’élaboration. On annonce déjà, comme devant figurer prochainement à l’ordre du jour de la bourse, l’emprunt pour la conversion des dettes communales, l’entreprise de la distribution des eaux dans les grandes villes, l’organisation des docks, la reconstitution de la société des mines de cuivre des Mouzaïas, une entreprise de navigation transatlantique basée sur un nouveau système d’impulsion, diverses compagnies de commerce maritime, d’éclairage, de charriage, etc. Nous parlerons de ces affaires à mesure qu’elles se produiront, si toutefois nous pouvons obtenir des renseignemens réellement instructifs.

André Cochut.


REVUE LITTÉRAIRE.

DU CANGE, ET SES BIOGRAPHES.

I. Étude sur la vie et les ouvrages de Du Cange, par M. Léon Feugère ; Paris. 1852, in-8o. — II. Glossaire de la baise latinité, cinquième édition, augmentée par MM. Henschel et Adelung ; Paris, Didot, 7 vol. in-4o. — III. Les Principautés d’outre-mer, histoire de Chypre sous les princes de la maison de Lusignan, par M. de Mas-Latrie ; Paris, 1853, tome I, in-4o.

Ce qui distingue particulièrement en France le XVIIe siècle, c’est le caractère initiateur des hommes qui l’ont illustré. Louis XIV fonde le gouvernement,