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pour moi, et qu’ainsi j’aurais toujours la même estime pour M. Harley ou pour lord Oxford, il semblait parler avec confiance, comme s’il s’était assuré que tout dût tourner à notre avantage. Je n’ai pu m’empêcher de lui faire entendre qu’il n’était pas sûr de la reine, et que ces coquins affamés de lords n’auraient jamais osé voter contre la cour, si lord Somerset ne leur avait garanti que cela ferait plaisir à la reine. Il est convenu que c’était vrai, et que Somerset avait tenu ce langage.

« 13. — J’ai vu ce matin le secrétaire, il a nécessairement la prétention de parler comme si tout devait aller bien. « Le croirez-vous, m’a-t-il dit, si tout ce monde-là est renvoyé ? — Oui, ai-je répondu, si je vois expulsés le duc et la duchesse de Somerset. » Il m’a juré de renoncer à sa place, s’ils ne l’étaient pas…

« 15. — Je suis allé aux informations à la secrétairerie d’état pour savoir de M. Lewis comment allaient les affaires. J’ai trouvé là M. Prior, qui m’a dit qu’il croyait tout perdu, etc., et son opinion est que le ministère entier quittera la semaine prochaine. Lewis pense qu’il ne partira pas avant le printemps, époque de la fin de la session. Tous deux désespèrent tout à fait… A quatre heures, je suis allé chez Masham. Il est venu et m’a glissé à l’oreille qu’il tenait de bonne source que tout irait bien, et je les ai trouvés tous les deux fort satisfaits. La compagnie est allée à l’opéra, et ils m’ont demandé de venir souper. Je suis venu à dix heures ; le lord trésorier était là, et il est resté avec nous jusqu’après minuit, et il était plus content que je ne l’ai vu depuis dix jours. Mme Masham m’a dit qu’il avait été fort abattu il y a quelques jours, et il n’a pu effectivement me le dissimuler. Arbuthnot espère fort que la reine ne nous a pas trahis, mais qu’elle a été seulement effrayée et flattée ; mais je ne puis être de cette opinion…

« 16. — J’ai pris courage aujourd’hui, et je suis allé à la cour avec une contenance de satisfaction. Il y avait grande foule, les deux partis étant venus pour s’observer l’un l’autre. J’ai évité le salut de lord Halifax jusqu’à ce qu’il m’y ait forcé ; mais nous ne nous sommes point parlé. Je n’ai pu faire moins de quatre-vingts saluts, dont vingt environ peuvent avoir été pour des whigs. Le duc de Somerset est parti pour Petworth, et j’apprends que la duchesse est partie aussi, ce qui me donne une grande joie. Le prince Eugène, qui était attendu ici il y a quelques jours, be viendra pas du tout, nous dit-on maintenant. Les whigs avaient le projet d’aller au-devant de lui avec quarante mille cavaliers…

« 17… - Nous sommes encore en suspens, et je crois qu’il nous reste peu d’espérance. La ducbesse de Somerset n’est pas allée à Petworrh) ; mais seulement le duc, ce qui est un pauvre sacrifice. Je crois que la reine a le dessein arrêté de changer son ministère.

« 18… – On a Imprimé en grub street (en parodie populaire) un discours de lord Nottingham, et il a été assez oison pour s’en plaindre à la chambre des lords, qui a fait saisir l’imprimeur en conséquence. J’ai entendu dire à la cour que, Walpole, un grand membre whig, a dit que moi et mon absurde club nous avions écrit cela à une de nos réunions, et que c’était moi qui le paierais. Il apprendra qu’il a menti, et je lui ferai connaître par une main tierce mon opinion sur son compte. Il doit être secrétaire d’état, si le ministère change ; mais il a eu dernièrement un fait de corruption prouvé contre