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mauvaises ou médiocres, et le sud du Wiltshre en sait quelque chose. C’est une détestable condition, en économie rurale comme en économie industrielle, que de produire plus chèrement que tout autre, même quand on commande accidentellement le marché, et le plus prudent est de ne pas s’y fier.

On paraît d’ailleurs avoir fait dans cette région une application excessive et mal entendue du principe de la grande culture. La grande culture est excellente quand elle diminue les frais de production, elle ne vaut rien quand elle les accroît. Il n’y a rien d’absolu dans ce monde. Les deux parties de l’Angleterre qui souffrent le plus sont le Weald de Susses et le sud du Wiltshire ; dans l’une, le mal vient principalement de ce que les fermes sont trop petites ; dans l’autre, de ce qu’elles sont trop grandes. Le meilleur système de culture est tout uniment celui qui, dans une situation donnée, paie à la fois les meilleures rentes, les meilleurs profits et les meilleurs salaires ; or ce n’est pas pour le moment l’état du sud du Wiltshire, avec ses fermes démesurées, car propriétaires, fermiers et ouvriers, tout le monde souffre ; nulle part en Angleterre, les salaires ne sont plus bas, nulle part le nombre des pauvres n’est plus grand. Un des premiers remèdes indiqués est la division de ces vastes fermes qui exigent l’emploi d’un trop grand capital et entraînent des pertes notables de temps et de force ; le second sera probablement la réduction de la sole de céréales et le retour à une économie rurale mieux appropriée à la nature du sol.

Un tout autre spectacle nous attend dans les comtés du centre proprement dits : ceux de Warwick, Worcester, Rutland, Leicester et Stafford. Placés entre la région de l’ouest ou des herbages et celle de l’est où domine l’assolement quadriennal, cette région présente l’heureuse association de ces deux systèmes ; c’est le plus riche pays de culture de l’Angleterre.

Commençons par le comté de Warwick, où se révèle au premier abord la principale cause de cette grande prospérité rurale. Nous n’avons visité jusqu’ici que des pays exclusivement agricoles ou du moins peu industriels, où les débouchés abondent sans doute plus que dans les trois quarts de notre France, à cause du voisinage de l’immense ville de Londres et des nombreux ports de la côte, mais où la surexcitation que donnent les manufactures manque presque absolument. En mettant le pied dans le comté de Warwick, nous entrons dans la région industrielle, et nous nous trouvons, pour commencer, en face de Birmingham et de ses annexes. La population du comté a plus que doublé depuis cinquante ans : elle dépasse aujourd’hui deux têtes humaines par hectare. Les quatre cinquièmes de cette population se livrent à des travaux industriels, d’où il suit