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fréquens en Angleterre. Les wolds ou plateaux de l’Est-Riding sont la continuation de ceux du Lincoln. La grande culture y règne aussi en souveraine et en a triplé les produits depuis cinquante ans. On se plaint pourtant beaucoup dans cette région, et le free-trade y est peu populaire.

Dans le Nord-Riding recommence la région montagneuse. Il s’y trouve quelques vallées fertiles, mais l’ensemble forme un vaste plateau qui n’a pas moins de 160,000 hectares et qui s’élève de 1,000 à 1,500 pieds au-dessus du niveau de la mer ; on l’appelle les moors du Yorkshire. L’industrie humaine a su en tirer un admirable parti. Montagnes et vallées, presque tout est en pâturages, et les races d’animaux qui s’y élèvent, les chevaux, bœufs et moutons, ont toutes une grande réputation. Les chevaux de voiture les plus estimés de l’Angleterre viennent du Nord-Riding et tirent leur origine de la vallée de Cleveland ; aujourd’hui la race s’en est répandue autour de leur vallée natale. Les moutons des montagnes du Yorkshire forment une race à part, qui a été améliorée d’après les principes de Hakcwell, et qui alimente les principaux marchés du nord. Quant au gros bétail, c’est du Nord-Riding que sort aujourd’hui en plus grande quantité la célèbre race à courtes cornes. Elle est née sur le bord septentrional de la Tees, qui sépare le comté d’York de celui de Durham ; mais depuis la mort des frères Collins, elle a passé la rivière, et on trouve aujourd’hui les plus beaux types sur l’autre rive. Il y a tout au plus une demi-douzaine d’éleveurs qui en ont en quelque sorte le monopole, et qui n’épargnent ni soins ni dépenses pour la conserver et la perfectionner encore. Ils y sont encouragés par le prix qu’ils en retirent. Il n’est pas rare de voir leurs taureaux se vendre de 2 à 400 livres sterling ou de 5 à 10,000 francs, et ils en louent pour une saison à des prix correspondais.

Le comté de Durham n’a que la moitié de l’étendue du Nord-Riding ; sa population est cependant de plus du double ; elle a atteint, au commencement de 1861, 411,000 âmes : c’est dire assez que le pays n’est pas seulement agricole ; il tire sa principale richesse de ses mines de charbon, dont l’inépuisable produit s’exporte par Newcastle et les ports voisins. Les deux plus grands seigneurs du pays, lord Durham et lord Londonderry, ont gagné, depuis trente ans, des sommes énormes par l’exploitation de leurs houillères. On jugera des capitaux que cette exploitation met en mouvement par un seul fait : lord Londonderry a fait construire à ses frais un port pour exporter son charbon et un chemin de fer pour l’y conduire ; le tout a coûté 8 ou 10 millions de francs. L’agriculture n’a encore suivi le mouvement que de loin. Les terres argileuses dominent avec leurs difficultés ordinaires ; on suit encore sur ces terres l’antique assolement