Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/1174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’York, de Durham, de Northumberland, de Cumberland et de Westmoreland, formant ensemble près de 2 millions d’hectares. Un tiers seulement de cette surface peut être facilement cultivé ; le reste est hérissé de montagnes dont les sommets s’élèvent près de 1,000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le plus méridional et le moins montagneux des cinq est celui d’York. C’est le plus grand comté d’Angleterre, et sans aucune proportion avec les autres, puisqu’il n’a pas moins de 1,500,000 hectares. Aussi le divise-t-on en trois parties, dont chacune est encore plus grande qu’un comté ordinaire, et qu’on désigne sous le nom de ridings ; la cité d’York proprement dite forme un district à part au milieu des trois autres. Les ridings offrent des différences considérables sous le point de vue agricole comme sous tout autre.

L’Ouest-Riding est l’annexe du comté de Lancastre et comme lui un des pays les plus manufacturiers du monde. La population y est tout aussi condensée ; il renferme les grandes cités industrielles de Leeds et de Sheffield, qu’il suffit de nommer, l’une aussi renommée par ses manufactures de laine, et l’autre par ses fabriques de fer et d’acier, que les cités du Lancashire pour les cotonnades. Auprès de ces puissantes métropoles de l’industrie britannique et des villes moins importantes, mais non moins actives, qui se pressent autour d’elles, l’agriculture ne peut être que florissante. La rente monte, dans le voisinage de ces centres de consommation, jusqu’à 250 fr. par hectare. Le salaire est peut-être un peu plus élevé encore que dans le Lancashire, il arrive jusqu’à 3 francs par jour de travail. Les herbages occupent presque tout le sol, et, comme dans tous les pays d’extrême population, l’entretien des vaches laitières et l’engraissement des bestiaux sont les industries dominantes. Beaucoup de fermes ont moins de 8 hectares ; celles-là sont pour la plupart exploitées par des ouvriers tisserands, qui joignent le produit de leur culture à celui de leur industrie. Parmi les cultures les plus productives figure depuis peu le ray-grass d’Italie. M. Caird cite un champ de 3 acres ou 120 ares qui, coupé en vert, nourrit six chevaux de travail et cinq bœufs, sans compter les poignées d’herbe fraîche qu’on donne aux vaches deux fois par jour pour les traire. M. Caird porte jusqu’à 100,000 kilogr. de fourrage vert par hectare ou 40 tonnes par acre, valant au prix actuel 1,200 francs, ce qu’on peut obtenir d’un hectare de ce ray-grass cultivé avec soin.

L’Est-Riding est tout différent et presque l’opposé de l’ouest. Plus d’industrie, plus de villes, plus de petites fermes, plus de population surabondante ; nulle part peut-être, la propriété n’est moins divisée. Le calme d’un pays exclusivement agricole succède, quand on passe l’Humber, à l’agitation d’un pays industriel. Ces contrastes sont