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parmi eux, mais en général ils préfèrent acheter des bœufs écossais du Galloway pour les engraisser. Leurs moutons sont presque tous des cheviots ou des têtes noires ; depuis quelques années, les métis cheviot et Leicester prennent beaucoup de faveur.

L’immense terre de sir James Graham, Netherby, occupe L’extrémité nord-ouest du comté, sur la frontière d’Ecosse, au fond du golfe de Solway. Elle ne comprend pas moins de 12,000 hectares ou 30,000 acres d’un seul tenant, et passe avec raison pour une des mieux gouvernées du royaume. Sir James, un des premiers orateurs du parlement, un des hommes d’état qui semblent le plus dignes de prendre l’héritage de sir Robert Peel, est en même temps un administrateur habile de ses intérêts privés et un agronome du premier ordre. Le point de départ de ces améliorations a été la suppression des petites fermes et leur réunion en grandes exploitations. Le nombre de ces fermes, qui était en 1820 de 340 ou de 35 hectares en moyenne, est aujourd’hui de 165 seulement, ce qui donne une moyenne de 70 hectares. Cette réduction dans le nombre des fermiers a permis de choisir les meilleurs, ceux qui présentaient le plus de garanties par leur fortune, leur habileté et leur énergie. Sir James leur a offert des baux de quatorze ans au lieu de sept, suivant l’usage du pays. On grand nombre de bâtimens devenus inutiles ont été démolis ; on a arraché les haies qui subdivisaient trop les champs. Par ce moyen, on a obtenu des rentes qui s’élèvent dans les bons terrains jusqu’à 100 fr. l’hectare et qui atteignent en moyenne 70 fr., quoique le sol soit généralement marécageux. Sir James est un des plus résolus partisans du free trade ; il a tenu à honneur de prouver que, dans les propriétés bien conduites, la baisse de prix ne devait pas amener forcément une réduction de rentes. Il n’a accordé aucune diminution sur ses baux, mais il a augmenté considérablement les travaux de drainage, qu’il fait faire à ses frais, sous la condition ordinaire que les fermiers lui paieront 5 pour 100 par an.

Plus on avance vers l’ouest et le nord, plus le drainage devient nécessaire et efficace. Il n’y a pas dans toute l’Angleterre de pays où il présente plus d’avantage que les terres basses du Cumberland. Ce fait tient à deux causes : la nature argileuse du sol et du sous-sol, et l’extrême abondance des pluies ; il tombe 20 pouces anglais d’eau par an à Londres, 40 dans le comté de Lancastre, 47 sur la côte du Cumberland, et jusqu’à 160 dans les hautes vallées des lacs. Pour que toute cette humidité s’écoule, il faut un drainage plus puissant que dans le sud et l’est de l’île. On plaçait d’abord les drains à 2 pieds anglais environ de profondeur et à 20 mètres de distance, et on n’obtenait que des résultats insuffisans. Aujourd’hui les drains sont généralement placés 4 ou 5 pieds anglais de profondeur, et