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la moyenne de l’Angleterre, 75 francs par hectare ; dans celui de Merioneth, le plus stérile, elle tombe à 15 francs. La moyenne générale de la principauté doit être égale à peu près à celle de la France, bien que le sol et le climat soient incomparablement inférieurs. La population suit à peu près la même proportion. La moyenne est d’une tête humaine pour 2 hectares ; dans le comté de Flint, elle s’élève jusqu’à 1 tête pour 80 ares, ou l’équivalent de la population anglaise, tandis que dans celui de Merioneth elle n’est plus que d’une tête pour 80 hectares, comme dans les départemens français les moins peuplés. Si les parties basses du pays sont aussi populeuses que les comtés anglais voisins, les parties montagneuses peuvent compter parmi les plus inhabitées de l’Europe. Ces déserts même ont fait depuis cinquante ans d’assez grands progrès comme culture ; la terre y vaut de 500 à 1,000 fr. l’hectare en moyenne, c’est-à-dire autant que dans la moitié de la France.

C’est encore et toujours le bétail qui permet de tirer parti à ce point d’un sol si ingrat. Dans la région cultivable, l’assolement quadriennal s’étend chaque jour, et les races perfectionnées de l’Angleterre se naturalisent ; dans les contrées incultes et abruptes, on trouve des espèces à demi sauvages de bœufs, de moutons et de chevaux, petites de taille, mais sobres et vigoureuses, qui savent chercher leur nourriture au milieu des rochers et des précipices. La viande des bœufs et des moutons gallois est très estimée ; la seule île d’Anglesea importe tous les ans en Angleterre des milliers de ces animaux, qui traversaient, autrefois le détroit à la nage, et dont on constate aujourd’hui le passage sur le pont de Menai. Les poneys ou petits chevaux gallois sont aussi assez recherchés.

Jusqu’à ces derniers temps, la condition générale de la population dans le pays de Galles a laissé beaucoup à désirer. Quoique réunie depuis longtemps à l’Angleterre, cette principauté a conservé sa langue distincte et son génie particulier. Les Gallois appartiennent, avec les Irlandais, à la race celtique, et comme s’il ne suffisait pas de cette origine pour les séparer profondément des Saxons, l’âpre configuration de leur sol achevait de les isoler. L’antique barbarie s’est maintenue longtemps parmi eux ; les efforts des Anglais pour travailler à leur assimilation ont eu souvent, comme en Irlande, un résultat opposé. La coutume appelée gavelkind était la loi primitive du pays, c’est-à-dire que les terres se partageaient par égales portions entre les enfans, et cette législation avait couvert le sol de petits propriétaires pauvres. Il y a deux siècles environ, le gouvernement anglais a cru faire acte de bonne politique en y introduisant le droit d’aînesse et en y implantant artificiellement la grande propriété. Ces sortes de transformations, quand elles ne sont pas le produit