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individu à la moyenne assez faible de 767 francs 70 centimes par année, ou 2 francs 10 centimes par jour. Quant aux dépenses, sur un total de 53,056 francs, les retraites avaient absorbé 23,000 fr. et les subventions aux malades, 14,037 francs[1]. En fin de compte, la société se trouvait à la tête de 232,000 francs, placés soit à la caisse d’épargne, soit au comptoir national d’escompte, soit sur la ville de Marseille.

L’administration de la communauté est confiée à un comité électif de huit dignitaires qui reçoivent le nom religieux de prieurs ; il y a auprès d’eux un conseil, dont ils font eux-mêmes partie, composé de 86 membres, et en qui réside l’autorité suprême. Le maintien des prescriptions disciplinaires est confié soit aux prieurs, soit au conseil, suivant l’importance des faits, il faut remarquer, parmi les dispositions se rapportant à l’ordre moral, celle, qui interdit, sauf le cas d’urgence et sous la réserve d’une autorisation spéciale, le travail du dimanche, celle qui prononce une amende discrétionnaire contre le portefaix infidèle à ses commettans, et l’exclusion absolue contre celui qu’un tribunal aurait condamné pour vol. Ainsi, outre les avantages matériels qu’elle procure, l’association des portefaix a ce mérite de tendre à propager les habitudes d’ordre et de moralité. Son côté faible, comme institution économique, tient à son esprit éminemment exclusif. Fondée sur le principe de la corporation entendue dans le sens le plus étroit, elle forme une réunion militante, toujours prête à combattre quiconque semble vouloir empiéter sur son domaine.

Une pareille tendance se révèle avec quelques traits spéciaux dans deux autres compagnies marseillaises, taillées sur le modèle de la grande association qui représente ici l’idéal de l’assistance mutuelle. Il s’agit de la société des ouvriers corroyeurs et maroquineurs, sous le patronage de saint Simon et de saint Jude, et de celle des ouvriers tanneurs et corroyeurs, sous le seul patronage de saint Jude. Instituées toutes les deux après 1848, elles sont issues d’une association plus ancienne, dite de saint Claude, qui, tout en étant composée en majorité de tanneurs, ne repousse pas les ouvriers des autres professions. Les deux sociétés sorties de ce tronc principal n’en avaient formé d’abord qu’une seule ; elles se sont depuis profondément divisées. Un chef d’établissement ne peut pas employer simultanément des ouvriers de l’une et de l’autre. De même il est indispensable,

  1. Cette partie du budget des portefaix en 1852 renferme quelques détails curieux : la fête patronale a coûté 1,715 Ir.jon a dépensé 408 fr. pour les cierges et bougies dans les processions, 231 fr. pour réparer les écussons de saint Pierre, de saint Paul et de Notre-Dame-de-Grâce ; les médecins et pharmaciens oui reçu 6,413 fr., le notaire et l’avoué, 170 fr.