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probablement pareilles, et avec de pareils cortèges d’habitans et d’êtres sans doute vivans, sentans et pensans. Que dire maintenant de l’immensité de la nature, si chaque soleil est reconnu, par la plus naturelle de toutes les analogies, comme le centre de nombreuses planètes éclairées, échauffées, fécondées par les rayons de ces millions de millions de soleils ? Que d’organisations, que de volontés, que d’âmes! Et ne peut-il même pas y avoir dans ces mondes des intelligences d’un ordre bien supérieur à la nôtre ? « Près de ces êtres doués de ces facultés métaphysiques d’une autre nature, disait un naturaliste contemporain, l’homme pour l’intelligence ne serait que leur chien ! »

Or, comme, même pour les planètes sœurs de la terre, nous ne pouvons jusqu’ici apercevoir leurs habitans, il est hors de doute que jamais nous n’arriverons à la connaissance des êtres habitant les planètes des soleils autres que notre soleil. Les planètes elles-mêmes de ces soleils lointains ne sont pas assez éclairées pour devenir accessibles à nos observations. Tout ce que nous apercevons dans les planètes solaires, et de même nature que notre globe, se borne à des effets de climats, de saisons, de météores analogues à ce que nous observons sur la terre.

Qui croirait que des étoiles, dont la plus voisine est deux cent mille fois plus loin que le soleil, peuvent nous fournir, comme la pomme tombant vers la terre, comme la lune circulant autour de la terre, comme les planètes circulant autour du soleil, peuvent nous fournir, dis-je, des exemples, des preuves de cette attraction universelle qui tend à précipiter l’un vers l’autre tous les corps matériels du monde, et qui les lie entre eux, de manière à les faire circuler dans des cercles éternels, en compensant, par le rapprochement dû à la chute, l’éloignement naturel que produirait le mouvement existant seul ? Tel est le cas des étoiles doubles. Le télescope nous a révélé que plusieurs milliers des étoiles qu’à l’œil nu nous jugeons simples sont un assemblage de deux ou de plusieurs astres, très voisins entre eux; mais ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est que plusieurs de ces groupes ne sont pas formés simplement par deux étoiles situées l’une devant l’autre. Dans un assez grand nombre de cas, les étoiles sont très rapprochées, et si elles ne se précipitent pas l’une vers l’autre, c’est qu’elles tournent circulairement de manière à compenser leur chute mutuelle par l’effet de leur mouvement progressif. Or on observe réellement ces mouvemens circulaires des étoiles doubles : on doit donc en conclure que l’attraction existe à ces limites du monde visible. Un examen plus attentif fait même conclure que la loi de ces actions est la même que dans la région voisine du soleil, à peu près comme un spectateur placé sur une colline où le vent qui le frappe fait tourner les ailes d’un moulin à vent conclut, en voyant