Tant que je vis, c’est la raison |
Cette ronde, qui circula d’abord imprimée en brochure, eut des conséquences assez plaisantes. Il y avait plusieurs couplets qui traitaient la question du mariage de Mlle Eugénie, alors âgée de quatorze ans, entre autres ceux-ci :
Tous ces beaux que l’on nomme |
Ces couplets, en se répandant par le monde, répandirent en même temps l’idée que la fille unique de Beaumarchais, personne charmante et riche héritière, était à marier, et que son père ne voulait absolument tenir compte, pour lui choisir un époux, que du mérite des concurrens. Or, comme le nombre des gens qui n’ont que du mérite est toujours très considérable, Beaumarchais vit affluer chez lui, dans cette même année 1791, les demandes en mariage les plus singulières. Ici c’est un gentilhomme, mais qui ne fait aucun cas de son blason, qui méprise la fortune qu’il n’a plus, qui n’estime que la vertu, et qui aspire à épouser Mlle Eugénie et sa dot ; ailleurs c’est un père parfaitement inconnu à Beaumarchais, qui le prie de lui garder sa fille pour son fils, lequel est encore au collège ; plus loin, c’est un capitaine qui n’a que son épée, mais elle vaut un bâton de maréchal de France. Pour écarter poliment cette avalanche d’épouseurs vertueux et désintéressés, Beaumarchais écrit une lettre qui lui sert