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DE CROMWELL


SELON


M. CARLYLE ET M. DE LAMARTINE.




Cromwell est un des personnages de l’histoire qui prêtent le plus à l’interprétation. C’est une nature complexe qui semble à la première vue un assemblage de disparates, et dont l’examen difficile peut conduire l’esprit à des jugemens aussi contradictoires qu’elle le parait elle-même. On ne peut donc s’étonner que des écrivains d’ailleurs éminens hasardent sur son compte des opinions douteuses ou incomplètes et qui provoquent l’objection. Il a été dans sa destinée d’occuper le talent et la pensée, non-seulement de nos habiles historiens, mais de nos poètes les plus renommés. M. de Lamartine n’en a pas fait le héros d’une tragédie ; mais, dans un recueil dont il soutient la publication avec une rare persévérance de verve et de courage, il a commencé une biographie du protecteur. Pour le juger, il s’appuie avec grande raison des quatre volumes donnés par M. Carlyle, et il en conclut formellement que le nom de Cromwell signifie fanatisme. Il voit en lui, au lieu d’un grand politique, un grand sectaire. Il nous permettra d’appeler de ce jugement, sans prétendre y substituer le nôtre, ni souscrire à celui de M. Carlyle ; mais nous mettrons sous les yeux du public la théorie entière de ce curieux écrivain, en y joignant nos propres observations. L’heure presse d’ailleurs, si nous voulons parler de Cromwell, car M. Villemain peut d’un moment à l’autre imprimer l’édition définitive de son histoire, si hautement appréciée par Southey, et l’illustre historien de