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traités) et que sa majesté regarde, etc. » L’intention de cette nuance était de rompre le lien qui, dans la construction de M. de Buol, semblait faire dépendre l’observation des garanties promises par le sultan au culte grec des stipulations du traité de Kainardji. Le nœud de la question était dans cet arrangement de mots, puisque c’était du traité de Kainardji que la Russie voulait tirer son droit au protectorat, et que la Porte en refusant le protectorat niait cette interprétation du traité. Après ces diverses modifications, le projet de note arrêté le 31 juillet par la conférence de Vienne[1], eut la forme suivante (nous n’en citons que la partie importante ; le reste fut la simple reproduction de la note française, calquée elle-même, pour les points secondaires, sur la note de Rechid-Pacha) :


« Sa majesté le sultan n’ayant rien de plus à cœur que de rétablir entre elle et sa majesté l’empereur de Russie les relations de bon voisinage et de parfaite entente qui ont été malheureusement altérées par de récentes et pénibles complications, a pris soigneusement à tache de rechercher les moyens d’effacer les traces de ces différends, et un iradé suprême en date de - - lui ayant fait connaître la décision impériale, elle se félicite de pouvoir la communiquer à son excellence l’ambassadeur de Russie (ou à son excellence M. le comte de Nesselrode).

« Si à toute époque les empereurs de Russie ont témoigné leur active, sollicitude pour le maintien des immunités et privilèges de l’église orthodoxe grecque dans l’empire ottoman, les sultans ne se sont jamais refusés à les consacrer de nouveau par des actes solennels qui attestaient leur ancienne et constante bienveillance à l’égard de leurs sujets chrétiens.

« Sa majesté le sultan Abdul-Medjid aujourd’hui régnant, animé des mêmes dispositions et voulant donnera sa majesté l’empereur de Russie un témoignage personnel de son amitié la plus sincère et de son désir intime de consolider les anciennes relations de bon voisinage et de parfaite entente qui existent entre les deux états, n’a écouté que sa confiance infinie dans les qualités éminentes de son auguste ami et allié, et a daigné prendre en sérieuse considération les représentations dont son excellence M. le prince Menchikof s’est rendu l’organe auprès d’elle.

« Le soussigné a reçu en conséquence l’ordre de déclarer par la présente que le gouvernement de sa majesté le sultan restera fidèle à la lettre et à l’esprit des stipulations des traités de Kainardji et Andrinople relatives à la protection du culte chrétien, et que sa majesté regarde qu’il est de son honneur de faire observer à tout jamais et de préserver de toute atteinte, soit présentement, soit dans l’avenir, la jouissance des privilèges spirituels qui ont été accordés par les augustes aïeux de sa majesté à l’église orthodoxe d’Orient, et qui sont maintenus et confirmés par elle, et en outre à faire participer, dans un esprit de haute équité, le rit grec aux avantages concédés aux autres rits chrétiens par convention ou disposition particulière. »

  1. The earl of Westmorland le the earl of Clarendon. Corresp., part II, n° 45.