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L’aventurier allemand fut par-là poussé du parti de la France dans celui de l’Autriche. Maximilien s’empressa de l’attacher aux intérêts de son petit-fils, auquel il écrivit : « Touchant Francisque de Sickinghe, il nous semble bien fait de le bien entretenir avec pension et aultrement. Nous l’avons aussi actrait (attiré) à nous, car nous savons qu’il peut faire grand service à nous deux[1]. »

Maximilien avait réussi auprès de cinq électeurs, mais il échoua auprès des deux autres. L’archevêque de Trêves demeura fidèle à François Ier. Il refusa d’engager d’avance au roi catholique sa voix, que la bulle d’or lui prescrivait de conserver libre jusqu’au jour de l’élection. Ce qui ne fut pour lui qu’un prétexte dont il couvrit sa politique et sa loyauté servit de fondement à la conduite du duc Frédéric de Saxe. Cet électeur, dont la probité et la fermeté étaient inaccessibles à la corruption et à la crainte se déclara ouvertement contre les arrangemens proposés. Son opposition et la résistance de l’archevêque de Trêves contrarièrent Maximilien sans l’arrêter. Assuré de la majorité du collège électoral qu’il avait enlevée à François Ier, moyennant la somme énorme de 514,075 florins d’or (valant au moins 27,245,975 fr. de notre monnaie), indépendamment de 70,400 de pensions qui seraient touchées à Malines, à Anvers, à Francfort[2], et dont le gouvernement des Pays-Bas cautionnerait l’exact paiement, il se montra décidé à passer outre. Il fit signer le 27 août aux quatre électeurs gagnés, ainsi qu’aux représentans du cinquième, la promesse formelle d’élire roi des Romains son petit-fils, au nom duquel il leur garantit, par des lettres reversales, le maintien de leurs privilèges particuliers, des droits généraux de leur pays, et donna l’assurance que l’administration de l’empire serait concertée avec les princes allemands et confiée à des mains allemandes[3]. Ces engagemens réciproques furent échangés le 1er septembre 1518.

L’empereur Maximilien fit aussitôt partir pour l’Espagne Jean de Courteville, avec les seize pièces relatives aux acquisitions de votes, convention de mariage, promesses d’argent et de pensions, garanties de privilèges, qu’il avait stipulées dans l’intérêt et au nom de son petit-fils[4]. Il invitait celui-ci à les signer sans retard, à n’y introduire aucun changement, à les expédier bien vite, afin de lier définitivement les électeurs envers lui et de ne pas ébranler l’édifice si

  1. Lettre de Maximilien au roi de Castille du 24 mai. Le Glay, Négociations, etc., t. Il, p. 129.
  2. Mémoire de Maximilien du 27 octobre. Le Glay, Négociations, etc., t II, p. 170-172-173.
  3. Ces lettres sont dans Bucholtz, Histoire de Ferdinand Ier, vol. III, p. 665.
  4. Mémoire de Maximilien du 27 octobre. Le Glay, Négociations, etc., vol. II, p. 171.