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coûteusement élevé de sa grandeur. Il lui représentait de plus comme indispensable l’envoi immédiat de lettres de change sur les banques des Fugger et des Welser à Augsbourg pour 450,000 florins d’or à toucher avant l’assemblée de Francfort. Sur ces 450, 000 florins qui s’ajoutaient aux 75,000 déjà apportés par Courteville, le besoigneux empereur, que les Italiens appelaient si justement pochi danari, s’en attribuait 50, 000. Ils étaient destinés à le défrayer de ses dépenses à la diète prochaine de Francfort, où, après avoir reçu la confirmation que le roi Charles donna le 24 décembre des arrangemens pris à Augsbourg, il devait se rendre avec les électeurs pour y faire nommer et proclamer son petit-fils roi des Romains.


IV.

François Ier n’avait pas appris sans une pénible surprise ce qui s’était passé à Augsbourg. L’archevêque de Trêves lui avait envoyé son secrétaire pour l’en instruire. L’électeur de Brandebourg lui-même, embarrassé de son infidélité et voulant en atténuer la honte, avait, le 16 août, prévenu Baudouin de Champagne, seigneur de Bazoges, ambassadeur de François Ier auprès de Maximilien, que l’entreprise de son maître était désespérée, parce que le roi catholique avait déjà 5 voix contre 2. Il avait ajouté cependant qu’on pourrait regagner l’archevêque de Mayence et les autres électeurs à force d’argent; mais il n’avait donné pour avoir la réponse du roi que dix-huit jours, terme au bout duquel tout serait conclu. Ce délai était illusoire, car il était déjà expiré lorsque la dépêche de Bazoges fut remise, le à septembre, à François Ier, qui était alors à Vannes. Ce prince n’en expédia pas moins sur-le-champ cinq pouvoirs en blanc à Bazoges, auquel il adjoignit Marigny, bailli de Senlis, pour traiter avec les électeurs[1] ; mais il n’y avait déjà plus personne à Augsbourg.

François Ier ne se laissa point décourager par le manque de foi du comte palatin, de l’archevêque de Mayence et du margrave de Brandebourg. Il pensa que, les ayant perdus malgré leurs anciennes promesses, il pourrait les regagner malgré leurs nouveaux engagemens. Il fit donc partir pour l’Allemagne d’abord Joachim de Moltzan, conseiller de l’électeur de Brandebourg et qu’il avait pris à son service, ensuite Beaudouin de Champagne, avec les offres les plus capables de tenter ces princes[2] ; mais, pour qu’ils se laissassent

  1. Lettre originale de François Ier au chancelier Du Prat, du 6 septembre. Mss. Dupuy, vol. 486, feuille 114.
  2. Instructions du 23 octobre 1518 à Joachim de Moltzan, et de la fin de novembre. à Baudoyn de Champagne, seigneur de Bazoges. Carton J. 952, pièces 8 et 45.