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Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 5.djvu/260

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l’électeur de Brandebourg, et lorsque ses ambassadeurs hésitaient à le satisfaire, il leur mandait : Je veux qu’on soulle de fouies choses le marquis Joachim[1]. Il lui accorda ainsi, avec les autres avantages qu’il réclamait, 175,000 écus d’or pour la dot de la princesse Renée, et le traité fut définitivement conclu le 8 avril. On convint que le premier terme du paiement s’effectuerait le 10 mai à Coblentz, où Jean d’Albret alla remettre lui-même 50,000 florins aux envoyés de l’électeur.

L’électeur prit le même jour, 8 avril, l’engagement suivant signé de sa main, scellé de son sceau, qui fut transmis à François Ier : «Nous Joachim, par la grâce de Dieu, margrave de Brandebourg, archi-chambellan du saint empire romain prince-électeur, duc de Stettin, de Poméranie, des Slaves, burgrave de Nuremberg, etc., songeant dans notre esprit que l’office d’empereur a été principalement institué pour protéger et défendre la foi catholique, et aussi pour repousser ses plus féroces ennemis, ce qui ne saurait se faire comme il convient, à moins que la couronne impériale ne soit décernée à un prince très prudent dans le conseil, vaillant dans les batailles, doué de toute la vigueur du corps, arrivé à la fleur de l’âge, de telle sorte qu’on puisse le dire puissant de parole et d’action. Or, comme dans ce temps le cruel tyran des Turcs, prince très redoutable, projette diverses entreprises contre la chose chrétienne, il est indubitablement à craindre, si les chrétiens ne lui résistent pas d’un opiniâtre courage et avec les forces les plus considérables, et si le Dieu très bon et très grand n’arrête pas sa cupidité et sa volonté, qu’il ne ravage la chrétienté, ne l’asservisse, et ne l’accable sous un joug insupportable. C’est pourquoi, appelés que nous sommes par la divine Providence à la dignité de margrave, à la principauté du saint empire, au nombre des électeurs, nous désirons par-dessus tout qu’il soit mis de nos jours à la tête de l’empire quelqu’un possédant les vertus nécessaires pour remplir virilement l’office qui lui sera imposé. Nous avons donc jeté les yeux sur le très invincible et très chrétien prince François, par la faveur de Dieu roi des Français, duc de Milan et seigneur de Gênes, qui, par son âge florissant, son habileté, sa justice, son expérience militaire, l’éclatante fortune de ses armes, et toutes les autres qualités qu’exigent la guerre et la conduite de la république, surpasse au jugement de chacun tous les autres princes chrétiens. »

Après avoir loué les grandes actions des prédécesseurs de François Ier et les siennes, avoir exprimé le ferme espoir que François Ier emploierait sa capacité et sa puissance à protéger la chrétienté, qu’il tournerait contre les conquérans ennemis de la foi l’épée qui

  1. Lettre de François Ier à ses ambassadeurs, du 30 mars. Ibid., f° 71.