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profit de la Belgique entre les taxes des diverses provenances, les mines du Hainaut n’en demeurent pas moins protégées contre la concurrence anglaise par un droit différentiel assez élevé pour leur assurer un facile écoulement sur notre sol. Quant à la fonte, il était également essentiel pour la Belgique d’obtenir les garanties que lui assure le traité, car nous voyons une production excessive en présence d’une consommation limitée ; de là un besoin continuel de débouchés extérieurs. Le Zollverein, qui en 1850 avait acheté à la Belgique 76,000 tonnes de fontes brutes, ne lui en a demandé en 1852 que 40,000 ; c’est un marché qui se resserre, tandis que celui de la France tend au contraire à s’élargir par suite du développement énorme que prend la fabrication des rails. Cependant, pour la fonte comme pour la houille, l’importation belge doit lutter en France contre les progrès de l’importation anglaise, et elle est par conséquent très intéressée au maintien du régime différentiel, qui lui procure une protection efficace.

Aussi les traités de 1852 et 1834 ont-ils été généralement approuvés en Belgique, où jusqu’alors on n’avait subi qu’avec une certaine répugnance, bien mal fondée il est vrai, l’alliance commerciale avec la France. Divers intérêts se sont récriés, suivant l’usage, contre les sacrifices qu’on leur imposait ; les représentans de la contrefaçon belge ont protesté contre la ruine de leur industrie, et en désespoir de cause ils ont sollicité une indemnité pécuniaire. On devait s’attendre à ces réclamations ; mais, dans l’ensemble, l’opinion publique a accueilli très favorablement le nouveau régime, et son approbation s’est exprimée par le vote empressé de la chambre des représentans et du sénat. — En France, si l’on excepte les craintes émanées de l’industrie de Roubaix, les traités du 27 février 1854 ne paraissent avoir soulevé aucune opposition sérieuse, et la convention du 22 août 1852, qui a consacré dans les deux pays le principe de la propriété littéraire et artistique, a rencontré un assentiment unanime.


III

Si, pour apprécier exactement le développement des relations commerciales entre la France et la Belgique, on veut bien consulter les tableaux de douane, on remarquera que, de 1835 à 1852, l’ensemble des échanges s’est accru entre les deux pays de plus du triple (95 millions de francs en 1835 et 245 millions en 1852). Les importations de Belgique en France ont plus que doublé ; les exportations de France en Belgique ont presque quadruplé. Et ce progrès si marqué s’est accompli dans une période de dix-sept ans ! Le commerce français exporte en Belgique une quantité considérable de produits fabriqués, tandis que nous recevons principalement des produits bruts ou naturels, tout en offrant aux manufactures belges un débouché qui leur est nécessaire pour écouler l’excédant de leur fabrication. La nature des échanges est donc avantageuse de part et d’autre. Dès lors il n’est plus absolument indispensable de rechercher si les concessions réciproques qui résultent des traités de 1852 et 1854 présentent, au point de