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joignant à Tours celles de Nantes et de Bordeaux. La convergence de trois voies de fer vers le port de Caen triplera faire territoriale qu’il dessert, et le tonnage[1] triplerait également, si l’essor n’en était pas comprimé par l’imperfection de l’atterrage. La question est donc aujourd’hui la même qu’avait posée Vauban, seulement les termes en sont intervertis : les bases de l’extension de la navigation sont assises du côté de la terre; il reste à les élargir du côté de la mer, c’est-à-dire à accroître par l’approfondissement de l’entrée de l’Orne le nombre d’heures pendant lequel elle est praticable par marée et le tonnage des navires qu’elle admet. Ce problème n’a qu’une seule solution, mais simple et féconde : c’est l’augmentation du volume et de la puissance des eaux qui déblaient le chenal, et pour atteindre ce but il ne s’agit, comme on l’a vu, que d’aider la nature.

L’histoire de Caen, sous le régime que préparent ces grandes améliorations, ne ressemblera pas à celle du passé : elle n’enregistrera plus de ces patriotiques souffrances, de ces faits d’armes populaires qui grandissaient les hommes et les villes par le sentiment de leur indépendance. La politique et la guerre ont changé de place et d’allure; mais la cité n’en croîtra pas moins en population et en richesse. Grâce à la configuration du territoire desservi, aux ressources qui lui sont propres, le voisinage du Havre ne nuira pas plus à Caen que celui de Marseille ne nuit à Cette[2] : l’intelligence normande s’appropriera les nouveaux instrumens mis à sa disposition, et nos côtes de la Manche compteront un grand port de commerce de plus.


II. — LE CALVADOS. — COURSEULLE. — FORMIGNY. — BAYEUX. — PORT EN BESSIN.

De l’embouchure de l’Orne aux Vays, la côte est partagée par le village d’Arromanches en deux parties à peu près égales. D’Arromanches à l’Orne, on admire du large les riches et profondes perspectives des campagnes; d’Arromanches aux Vays, la terre est encore plus féconde, plus riante, mais la vue en est masquée par un rideau

  1. Le tonnage, entrée et sortie comprises, a été :
    En 1846, de 165,102 tonneaux.
    En 1847, de 175,820
    En 1848, de 139,192
    En 1849, de 159,457
    En 1850, de 121,931
    En 1851, de 145,953
    En 1852, de 164,153
    La moyenne annuelle est de 153,086 tonneaux.
  2. Le tonnage moyen du port de Cette pendant les sept années 1846-1852 a été de 359,144 tonneaux.