Repoussons des humains l’insolente pitié ;
Mieux vaut leur lâche envie.
Jetons comme un mépris, à leur fausse amitié,
L’éclat de notre vie.
Je veux faire pâlir le printemps et l’été
Devant ma belle automne ;
Du charme rayonnant de ma sérénité
Je veux que l’on s’étonne.
Je veux, plus haut qu’eux tous, rire et chanter encor !
Je veux, je veux répandre
Mes plus sombres pensers avec une voix d’or,
Avec un regard tendre.
Que chacun loue en moi la stoïque raison,
La tendresse divine ;
Quand chaque flot de miel portera son poison,
Chaque fleur son épine,
Viens, ô consolateur que j’insultais hier !
Sois mon amer génie.
Oh ! viens m’ouvrir ton temple asile d’un cœur fier.
Ironie, ironie !
Les cieux de vapeurs sont chargés ;
Sortez de terre et voltigez,
Flammes railleuses de l’automne.
Venez, sylphes et lutins.
De vos rires argentins.
Rompre sa voix monotone.
Levez-vous, esprits follets.
Sur l’étang qui fume ;
Trilby chante ses couplets,
Valsez dans la brume.
Sautez sans courber les joncs
Sur les fossés des donjons
Et sur les bruyères.
Sur les crânes dispersés
Dans les cimetières ;
On entend, où vous dansez.
Le rire des trépassés.