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Voici l’urne où j’ai bu la divine liqueur.
Plus rien, plus rien n’y reste…
Et je garde, aujourd’hui, des voluptés du cœur
Un souvenir funeste.
Ô vous qui, dans nos prés où je dansais pieds nus.
Et d’où je suis proscrite.
Interrogez encor, sous vos doigts ingénus,
La blanche marguerite ;
Vous qui rêvez encor d’innocence et d’amour.
Enfant rieuse et blonde.
Le vent qui m’a porté doit vous porter un jour
Dans ce désert du monde.
Et, quand disparaîtra le mirage trompeur,
À moitié de la route,
Vous aussi vous aurez ma voix qui vous fait peur,
Et mes yeux qu’on redoute.
Car vous ne voudrez pas exposer votre deuil
À la foule qui passe ;
À défaut du bonheur, gardons au moins l’orgueil
Pour dernière cuirasse !