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ROSSINI


SA VIE ET SES ŒUVRES





Vie de Rossini, par M. Beyle. — Joackim Rossini, von Maria Ottinguer, Leipzig 1852.





I.


LES ANNEES DE JEUNESSE DE ROSSINI.


Vous rencontrez chaque jour d’honnêtes gens qui s’imaginent avoir condamné sans rémission un écrivain en matière d’art, lorsqu’ils ont dit de lui une fois pour toutes qu’il parle de musique comme un peintre et de peinture comme un musicien. J’avoue en effet qu’au premier abord, un arrêt de ce genre doit affecter des airs de gravité aux yeux d’un certain monde habitué à prendre les choses au pied de la lettre; cependant, pour peu qu’on y réfléchisse, on ne tardera pas à reconnaître au contraire qu’un tel blâme est au fond un brevet de capacité décerné au critique qu’il prétend atteindre. Les muses sont sœurs; il n’y a dans les arts qu’une famille où tout se tient, où les contrastes mêmes se rapprochent par de mystérieuses relations dont un œil clairvoyant trouve le fil. « La musique est une architecture de sons, et l’architecture une musique de pierres, » écrivait le platonicien Novalis, une des plus nobles intelligences que les temps modernes aient produites, et il ajoutait : « La sculpture est la forme fixe, la musique la forme fluide; entre la sculpture et la musique, entre la forme fixe et la forme fluide, la peinture sert de transition. » Il se peut que je me trompe et que