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l’Écriture, Sellum, fils de Choloza, fut chargé de reconstruire « la muraille de la piscine de Siloé, le long du jardin du roi, et jusqu’aux degrés qui descendent de la ville de David. » Après lui Néhémias, fils d’Azboc, continua la restauration du mur d’enceinte de la ville de David « jusqu’en face des tombeaux de David, jusqu’à la piscine et jusqu’à la maison des forts de David. » Nous le demandons : est-il possible de trouver rien de plus concluant que ces deux passages de l’histoire hébraïque ? N’en ressort-il pas que le tombeau de David se trouvait placé à l’extrémité méridionale de la ville de David ? Ici la topographie antique est indiquée par un témoin muet, mais irrécusable, par la piscine de Siloé, qui se voit encore aujourd’hui au sud-est du rocher de Sion, là où la vallée des enfans d’Hinnom et le ravin de Tyropéon se rejoignent, là où était jadis l’emplacement du jardin du roi.

L’esprit de système a un grand inconvénient, c’est de rendre obscur ce qui est clair, et clair ce qui est obscur. Quand on a découvert les restes de Sodome, on ne peut plus être admis à prétendre « qu’il n’y a pas l’ombre de possibilité de reconnaître quoi que ce soit dans les lieux qui se trouvent énumérés dans cette partie du récit de Néhémias. » C’est encore l’esprit de système qui, peu scrupuleux sur le choix des argumens, enregistre, au nombre des preuves qu’il croit pouvoir citer, le fait que nous allons rapporter. Un jour un certain Antiochus, un de ces voisins incommodes qui harcelaient sans cesse le peuple de Dieu, vint mettre le siège devant Jérusalem, et déclara qu’il ne battrait en retraite qu’à la condition de recevoir des assiégés une énorme contribution de guerre. Or, à ce moment les finances de la ville étant épuisées, le pontife Hyrcan, qui la gouvernait, ne put offrir au roi syrien que la moitié du tribut imposé par l’esprit de rapine. Le croirait-on ? c’est de cette particularité qu’on s’autorise pour soutenir que l’enceinte de Sion n’a jamais renfermé le tombeau de David ! Si ce tombeau avait eu son emplacement dans l’enceinte de Sion, répète-t-on avec insistance, nul doute, comme il contenait d’immenses richesses, qu’Hyrcan ne l’eût mis à sec pour éloigner l’ennemi. Mais comment n’a-t-on pas vu que de ce récit de Josèphe résultait la condamnation la plus formelle de tout ce qu’on met en avant au sujet des grottes royales ? Vraiment les Juifs auraient perdu le sens, s’il leur fût venu seulement dans l’idée de placer un monument si vénérable, si utile dans les momens de crise, comme l’histoire l’atteste, ce qu’on pourrait appeler un trésor funéraire, de le placer, disons-nous, aux portes d’une ville si souvent assiégée, et justement sous la main de l’ennemi.

Enfin, car pourquoi argumenter plus longtemps en faveur de l’évidence ? l’esprit de système seul pouvait se prévaloir de l’usage judaïque qui consistait à exclure les tombeaux de l’intérieur des villes pour cause d’impureté. À cette coutume, générale dans l’antiquité, nous en opposerons une autre non moins bien établie en Palestine : c’est que de tout temps les tombes des rois et celles des prophètes y furent affranchies de cette loi d’impureté; c’était une sorte d’hommage rendu à la sainteté et à la puissance. Les exemples en sont nombreux. Où Samuel fut-il enseveli ? Dans sa maison, à Ramatha. Et Basa, général des armées de Nadab et devenu roi par trahison ? Dans la ville de Thersa, dont il avait fait su capitale. Et Amri, fondateur de Samarie, et Joachas, roi d’Israël, et Joas son fils, où furent-ils ensevelis ? Dans leur bonne