Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 6.djvu/821

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SAVONAROLE


ET


LE RADICALISME MYSTIQUE





Jérôme Savonarole, sa Vie, ses Prédications, ses Ecrits, d’après les documens originaux, par M. F.-T. Perrens ; Paris 1853, Hachette, 2 vol. In-8°.





Il y a dans l’histoire, quelques hommes dont la destinée posthume est d’échapper sans cesse à ce jugement définitif que la postérité ne manque jamais déporter tôt ou tard sur ceux qui ont laissé de leur passage dans ce monde une trace éclatante. Jérôme Savonarole est de ce nombre. Réformateur zélé des abus qui de son temps compromettaient la dignité du clergé, il est regardé par les uns comme le précurseur de Luther ; fondateur d’une république éphémère, il est resté pour les autres l’un des plus hardis représentans de la démocratie italienne. Pour ses contemporains de Florence, c’est un prophète ; pour quelques historiens modernes, c’est un fou. Quoi qu’il en soit, un intérêt douloureux s’attache à sa mémoire, parce que sa vie enthousiaste et agitée s’est terminée sur un bûcher au milieu de ce même peuple de Florence qu’il avait gouverné longtemps avec une autorité souveraine ; mais enfin, sur ce bûcher qui le dévore, est-ce l’imposteur qui meurt, est-ce l’illuminé ou le martyr d’une grande et généreuse pensée ? Il va là un curieux problème historique ; aussi les biographes n’ont-ils pas manqué à Savonarole. Pic de la Mirandole, Pacifico Burlamachi, ont écrit sa vie sous l’impression même des souvenirs contemporains. Au XVIIIe siècle, il fut vivement attaqué par Modeste Rastrelli et défendu avec non moins de vivacité par Vincente Barsanti, moine du couvent de Saint-Marc de Florence. En 1835, un Allemand, M. Rudelbach, lui a consacré une curieuse étude. L’Archivio storico Italiano a publié récemment sur ses écrits et sa personne une foule de documens intéressans. M. Rubieri l’a mis en scène dans le drame intitulé Francesco Valori, et