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qu’il est important de citer, pour montrer l’identité de principes qui unissait l’Autriche à la France et à l’Angleterre, et à quel point les politiques des gouvernemens étaient liées.


« Les représentans d’Autriche, de France, de Grande-Bretagne et de Prusse s’étant réunis en conférence, le représentant d’Autriche a donné lecture d’une note adressée par Rechid-Pacha à l’internonce en réponse à celle qu’il lui aurait remise sous la date du 12 décembre dernier, et qui était identique à la communication faite en même temps à la Porte par les représentans des trois autres cours à Constantinople. La réponse de Rechid-Pacha étant le résultat d’une démarche faite par les quatre représentans, avant que la note collective signée dans la conférence du 5 décembre fût arrivée à Constantinople, le représentant d’Autriche a invité la conférence à examiner avec lui si le contenu de cette note était en accord avec les vues et les intentions énoncées dans le protocole de la même date.

« Après mûre délibération, les soussignés oui été unanimement d’avis que les conditions auxquelles la Sublime-Porte se déclare prête à traiter du rétablissement de la paix avec la Russie sont conformes aux vœux de leurs gouvernemens et de nature à être communiquées au cabinet de Saint-Pétersbourg. De plus en plus pénétrés de la gravité de la situation et de l’urgenre d’y mettre un terme, les soussignés expriment la confiance que la Russie acceptera la reprise des négociations sur les bases qui dans leur opinion en assurent le succès, et offrent aux deux parties belligérantes l’occasion de se rapprocher d’une manière digne et honorable, sans que l’Europe soit plus longtemps attristée par le spectacle de la guerre.

« Les représentans de la Grande-Bretagne, de la France et de la Prusse s’en remettent au représentant de l’Autriche du soin de faire connaître au cabinet de Saint-Pétersbourg l’opinion consignée dans le présent protocole, auquel est annexée copie de la note adressée dans la forme identique par Rechid-Pacha aux quatre représentans à Constantinople.

« BUOL-SCHAUENSTEIN, BOURQUENEY, WESMORLAND, ARNIM. »


Voilà où en était arrivé le travail de la diplomatie au mois de janvier. Examinons le chemin que, pendant ce temps-la, l’action avait parcouru.

La Turquie avait déclaré la guerre à la fin de septembre ; les escadres combinées avaient reçu l’ordre d’aller au Bosphore au commencement d’octobre, et d’entrer dans la Mer-Noire à la fin de décembre, après l’affaire de Sinope. De quel œil l’Autriche avait-elle vu ces actes de vigueur ?

Nous croyons pouvoir affirmer qu’au lieu de s’en effaroucher, l’Autriche n’en fut que plus raffermie dans son union diplomatique avec les puissances maritimes, et qu’au lieu de se plaindre de notre attitude de plus en plus décidée, au fond du cœur elle s’en félicita. L’énergique résolution des Turcs les releva dans l’opinion viennoise,