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Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/119

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exécutés par des observateurs compétens fournit un grand nombre de résultats que la théorie se propose ensuite d’expliquer, en sorte qu’on y étudie avec agrément les grandes lois de la nature dans leurs applications aux diverses contrées, en évitant l’aridité de la science abstraite. Je ne crains pas d’affirmer que de toutes les sciences descriptives la plus attrayante est la géographie, quand on y joint comme aujourd’hui des notions sur la population, l’industrie, la vie civile, les mœurs, les langues, les religions, les progrès ou le dépérissement des peuples. Il va sans dire que la climatologie de chaque contrée, — ainsi que sa constitution géologique, ses terrains, ses rivières, ses montagnes, — fait partie de sa description en y comprenant même les restes fossiles des animaux qui ont précédé l’ère actuelle. Si on joint à ces données les cartes géographiques, les voyages, la discussion des relations diverses, l’histoire des découvertes des Européens, qui n’ont point encore aujourd’hui exploré le globe entier, on trouvera un champ aussi vaste qu’attrayant pour cette science, que plusieurs personnes semblent regarder comme un jeu de mémoire pour les enfans, et qui embrasse au contraire dans leurs applications presque toutes les lois que le génie de l’homme a pu arracher au secret de la nature.

Tandis que dans les contrées équatoriales la vie abonde sous les feux d’un soleil sans ombre et avec les pluies périodiques, les climats du nord sont, suivant l’expression romaine, privés du feu et de l’eau par la faiblesse des rayons d’un soleil oblique et par la congélation presque constante du fluide qui est la sève de la nature. Cependant ces hivers presque permanens ne rendent point tout à fait désertes ces régions moins favorisées, et sans parler des phoques et des morses de la Mer-Glaciale qui entoure le pôle nord d’une étroite bande maritime, les deux grands océans, dans leur partie septentrionale, sont peuplés par la race gigantesque des baleines et des cachalots, dont la vie, suivant l’opinion de Buffon, doit être de dix siècles et au-delà, tandis que d’après l’image pittoresque de Lacépède, si l’on dressait une grande baleine à côté des tours de Notre-Dame de Paris, il faudrait hausser ces tours de cent pieds pour atteindre à l’extrémité supérieure de l’immense habitant des mers polaires.

Les nombreuses expéditions envoyées par le commerce à la pêche de la baleine et la découverte récente du passage au nord nous ont fait connaître assez bien toute la Mer-Glaciale. De toutes les terres arctiques, la Sibérie, — quoique soumise au gouvernement régulier d’une nation européenne, la Russie, — est celle que les voyageurs visitent le moins souvent et dont il nous arrive les relations les moins fréquentes. M. Hill est probablement le dernier des rares voyageurs