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au midi, prend le nom de Mleta à l’ouest, et le nom de Tlétat à l’est. La terre végétale y est plus profonde et de meilleure qualité qu’aux environs d’Oran ; le coton surtout y réussit fort bien, et l’on y trouve l’eau de puits à 4 mètres de la surface du sol ; mais la colonisation a franchi à peine cet immense point d’intersection que forme le lac salé entre la banlieue d’Oran et le sud de la plaine. Les collines boisées de Muley-Ismaël séparent la région du littoral de la région des plaines basses, où nous ne trouvons qu’un seul noyau de colonisation, Saint-Denis-du-Sig. Toutes les cultures industrielles ont parfaitement réussi dans la plaine du Sig ; le tabac et surtout le coton y donnent un rendement plus considérable que partout ailleurs, un peu aux dépens de leur qualité, il est vrai. La colonisation n’a encore abordé ni l’Habra ni la Mina, qui offrent pourtant aux colons les mêmes ressources de culture que le Sig, avec des eaux plus abondantes, surtout dans la Mina. Ces plaines basses, depuis le Sig jusqu’au pont du Chéliff, à une distance du littoral de 12 lieues en moyenne, pourraient facilement recevoir 50,000 colons.

Par-delà cette région se trouvent les plateaux du Tell, dont Mascara occupe l’est, Bel-Abbès le centre, et Tlemcen l’extrémité occidentale. C’est de là, nous l’avons dit, que descendent presque tous les cours d’eau qui alimentent la province d’Oran. Mascara au méridien de Mostaganem, Bel-Abbès au méridien d’Oran, Tlemcen au méridien de Raschgoun, sont à une distance de 20 lieues des trois ports que nous venons de nommer. La profondeur moyenne de la province jusqu’aux régions du Tell n’est que de 25 lieues tout au plus, tandis que, dans les deux autres provinces, la région des terres colonisables atteint à une profondeur double. Les distances ne devraient donc pas être ici, comme dans les deux autres provinces, un obstacle à la colonisation du Tell, plus fertile que la région du littoral. Cependant la richesse des terres ne peut contrebalancer, pour la prospérité de la colonisation, les inconvéniens qui résultent, même ici, de la difficulté des communications et des transports.

Si la région de Bel-Abbès a un aspect plus prospère que les banlieues de Mascara et de Tlemcen, cela vient uniquement de ce que Bel-Abbès a plus de facilités de communication avec le littoral que Tlemcen et Mascara. Bel-Abbès, fondé depuis cinq ans à peine, a déjà 2,000 colons en voie de succès, parce qu’ils ont pu jusqu’ici allier le commerce avec les cultures. Il y a au nord de Bel-Abbès, sur la ligne directe qui conduit à Oran à travers la montagne, une vallée, le Thessala, qui a une contenance de plus de 3,000 hectares de terres en pente et parfaitement arrosées, on ne peut plus favorables à l’établissement de trois ou quatre villages, qui seraient reliés au Tell et au littoral par leur position même entre Bel-Abbès et Oran.

En somme, la province d’Oran nous offre un champ d’exploitation de près de 800,000 hectares, que la colonisation a entamé à peine, car les 11,000 colons qui forment jusqu’ici l’effectif colonial de la province, ont presque tous été entassés de Mostaganem à Oran, sur la région du littoral, qui n’offre aucune ressource d’irrigation. Le peuplement de la province d’Oran doit se faire plus spécialement en vue de la culture du coton. Que ce soit par la nature même du sol ou par son exposition, il est certain que la province d’Oran est plus favorable au cotonnier que les deux autres provinces de l’Algérie, du moins comme rendement. Il y a des terres qui ont produit l’an dernier jusqu’à