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plaine de Mascara a les deux sources qui se précipitent le long de deux ravins et arrosent toutes les terres basses à leur portée, l’Hillil et la Mina, l’Habra, qui en recevant le Sig prend le nom de la Macta, arrosent le vaste réseau de plaines qui embrasse du midi au nord tout lest de la province jusqu’à la banlieue de Mostaganem et d’Arzew.

La zone du littoral est seule dépourvue de moyens d’irrigation, et c’est précisément dans cette zone, autour d’Oran, d’Arzew et de Mostaganem, qu’on a installé presque tous les centres de peuplement de la province ; les sources y font défaut presque absolument. Quant aux rivières qui y aboutissent, on ne peut véritablement les utiliser pour l’irrigation qu’en les prenant dans leur cours moyen, c’est-à-dire dans la région des plaines basses du Sig, de L’Hahra et de la Mina, qui séparent des hauts plateaux du Tell la zone colonisée ; aussi tous les efforts des colons du littoral ont-ils tendu à se procurer l’eau, cet élément presque indispensable de succès pour les cultures d’Afrique. Partout où leurs ressources pécuniaires le leur ont permis, ils ont remplace par des puits à manège [norias) les rivières et les sources absentes. De même qu’on détermine ailleurs la prospérité d’une colonie algérienne par le nombre des plantations faites, on la détermine ici par le nombre de norias établies. Nous aurons calculé d’un mot l’importance des travaux de ce genre accomplis par les colons de la banlieue d’Oran, en disant qu’ils ont fait sortir un véritable fleuve des entrailles mêmes d’une plaine sèche et stérile. C’est à ses norias que la Sénia, un vieux village de 1844, qui ne possède que 600 hectares pour 400 habitans, doit la prospérité dont il jouit. Il n’y a pas de ferme (et les fermes sont nombreuses autour d’Oran), qui n’ait deux ou trois norias alimentant de riches cultures maraîchères. Dans toute cette zone du littoral, la prospérité d’un village a pour étalon de valeur ses moyens d’irrigation. Ainsi, aux environs de Mostaganem, Mazagran doit le succès exceptionnel dont il jouit aux sources abondantes qui alimentent ses cultures. Situé sur le revers d’une colline, en vue de la mer, Mazagran a peu à peu élevé sa population jusqu’à non habitans, et ses jardins, dont les produits alimentent Mostaganem et la banlieue, sont peuplés de plus de 30,000 figuiers ou mûriers dont la belle venue réjouit les yeux ; on dirait une oasis suspendue au-dessus de la mer. C’est également à leurs sources d’eau vive que le Aïn-Tédélès et Souk-el-Mitou, deux colonies agricoles des environs du pont du Chéliff, doivent les faciles succès qui ont signalé leurs débuts. Deux larges ravins arrosés ont suffi à verser l’abondance aux colons de ces deux villages.

La plaine d’Oran est coupée dans toute sa largeur par un lac salé (sebkha), qui forme une bande intermédiaire assez étroite, mais qui s’allongea l’ouest jusqu’à la riche plaine de Zeydour, arrosée par le Rio-Salado. Ce lac reste à sec une partie de l’année et ne laisse sur le sol qu’une couche de sel qui voue à la stérilité 14,000 hectares de terres que leur nature semblait prédestiner aux plantations de coton. Le dessèchement de ces marais qui attristent et épuisent le sol environnant se ferait sans grands frais ; nous en avons pour garantie le dessèchement opéré autour d’Aïn-Beïda pour la modique somme de 500 francs.

La partie de la plaine d’Oran qui se trouve au-dessous du lac salé, c’est-à-dire