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Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/1264

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III

Les frais d’établissement augmentant en raison de la richesse des cultures et les cultures riches convenant surtout au sol de l’Algérie, il est évident que l’état ne saurait se charger à lui tout seul des dépenses d’installation nécessaires au peuplement de l’Afrique. C’est ce que les émigrans eux-mêmes semblent avoir compris les premiers, car depuis deux ans le nombre des colons n’a pas augmenté. Il est même remarquable que ce temps d’arrêt dans le mouvement d’émigration coloniale se soit produit juste au moment où les ressources de l’exploitation se révélaient d’une manière si inespérée, et qu’il ait coïncidé avec les premiers succès obtenus par la culture. C’est au point qu’on ne trouve plus assez de colons pour peupler les villages dont on vient de faire l’allotissement. Les émigrans qui étaient lentes de demander un avenir à l’Algérie se seront sans doute informés, avant de partir, au prix de quels sacrifices et de quels efforts quelques colons ont acheté leur succès et devant l’énormité des avances qu’il fallait faire pour réussir, ceux qui avaient quelque chose à perdre ont reculé, à plus forte raison ceux qui n’avaient rien.

Des compagnies particulières se sont offertes à partager avec l’état ces frais d’installation et d’établissement, devant lesquels les travailleurs sérieux reculent, et qui sont pourtant indispensables pour asseoir le peuplement sur une base solide ; mais ces compagnies, ne pouvant faire, comme l’état, de la colonisation à fonds perdu, sont obligées de demander à l’état une prime d’indemnité eu terres, soit 800 hectares sur 2,000, ce qui diminue d’autant la part à faire au peuplement ; de plus elles demandent des garanties pécuniaires aux colons qu’elles engagent pour se mettre à l’abri des revers. Cela rend la colonisation par les compagnies aussi onéreuse pour les colons que la colonisation par l’état l’a été pour nos finances.

Il reste donc à trouver, en dehors des compagnies, les ressources qui manquent pour continuer le peuplement, et faute desquelles il tend à s’arrêter aujourd’hui. Quel peut donc être l’auxiliaire de l’état dans cette nécessité pressante ? Les départemens seuls sont assez directement intéressés au