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FILS ET SUCCESSEURS


D’ATTILA





On a souvent comparé l’empire d’Attila à ces violentes pluies d’orage qui bouleversent la superficie du sol, mais s’écoulent et disparaissent aussitôt par les sillons qu’elles ont creusés, ne laissant rien d’elles que des ruines. Cette comparaison repose sur une grave erreur historique. Les bandes d’Attila n’ont pas fait que ravager l’Europe orientale : elles s’y sont implantées, elles y ont pris racine, et leur postérité, tantôt confondue avec d’autres races, tantôt sans autre mélange que des alluvions du même sang, possède encore aujourd’hui une partie des conquêtes de ses pères. Chrétienne et civilisée, elle est entrée dans la société européenne, où sa branche principale, la nation magyare, tient noblement sa place. Par une succession non interrompue de dominations, dont quelques-unes comparables en étendue à l’empire d’Attila, les Huns du Danube peuvent remonter historiquement jusqu’au temps du redoutable conquérant qu’ils comptent avec orgueil parmi leurs rois.

Cette question de la permanence d’un élément hunnique dans les contrées orientales et au cœur même de l’Europe n’est peut-être pas seulement une question spéculative dans les circonstances présentes. Les vallées du Volga et du Don, les versans de l’Oural, les steppes de la Mer-Caspienne et de la Mer-Noire, contiennent encore les races qui vinrent au IVe siècle avec Balamber, au Ve avec Attila, au VIe avec les Avars, au IXe avec les Hongrois, occuper le centre de l’Europe et menacer surtout la Grèce. Il y a aujourd’hui quinze siècles que ce cri, à la ville des Césars ! s’est fait entendre pour la