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Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/431

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JEAN-JACQUES ROUSSEAU
SA VIE ET SES OUVRAGES.


IX.

ROUSSEAU ET LE THÉÂTRE.


LA LETTRE SUR LES SPECTACLES. — LE THÉÂTRE À GENÈVE. — LA QUESTION DU THÉÂTRE AVANT ROUSSEAU. — DISCUSSION ENTRE ROUSSEAU ET D’ALEMBERT. — DE LA PURGATION DES PASSIONS AU THÉÂTRE SELON ARISTOTE ET CORNEILLE. — INFLUENCE DU THÉÂTRE SUR LA CONDITION DES FEMMES.


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Rousseau avait quitté l’Ermitage et tous ses anciens amis[1]. Il était allé s’établir, au commencement de 1758, dans une petite maison qui avait un belvédère ouvert sur la vallée de Montmorency et le lac Saint-Gratien ou d’Enghien, et c’est là qu’il écrivit sa Lettre sur les spectacles. Il nous apprend lui-même dans ses Confessions quelle était sa disposition d’esprit en composant cette lettre : « Jusqu’alors, dit-il, l’indignation de la vertu m’avait tenu lieu d’Apollon ; la tendresse et la douceur d’âme m’en tinrent lieu cette fois. Les injustices dont je n’avais été que spectateur m’avaient irrité : celles dont j’étais devenu l’objet m’attristèrent, et cette tristesse sans fiel n’était que celle d’un cœur trop aimant, trop tendre, qui, trompé par ceux qu’il avait crus de sa trempe, était forcé de se retirer au dedans de lui… À tout cela se mêlait un certain attendrissement sur moi-même, qui me sentais mourant et qui croyais faire au public mes derniers

  1. Voyez la livraison du Ier décembre 1853 et antérieurement les divers chapitres de cette série dans la Revue du 1er janvier, du 15 février, du 1er mai, du 1er août, du 15 novembre 1852, du 15 juin et du 15 septembre 1853.