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Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 7.djvu/852

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honorables ; on dit même aujourd’hui qu’il est mort assassiné par doux de ses mameloucks, qui l’ont volé après l’avoir étranglé.

Abbas-Pacha laisse une œuvre immense à recommencer. Son successeur, Saïd-Pacha, parviendra-t-il à réparer ces désastres d’un règne malfaisant, et à replacer l’Égypte dans des conditions meilleures ? Il en a, dit-on, le plus ferme désir. Il est jeune encore, il a trente-deux ans à peine ; il a été élevé en France, il aime la civilisation européenne ; l’Égypte, pour sa part, a vu avec enthousiasme son avènement. Ce sont là sans doute bien des conditions de succès. D’ailleurs les premiers actes du nouveau vice-roi ont déjà confirma l’idée qu’on s’était faite de la politique qu’il était décidé à suivre. C’est ainsi que Saïd-Pacha a levé les prohibitions que son prédécesseur faisait peser sur le commerce des grains, et cette mesure, utile pour le commerce étranger, a été surtout profitable aux populations égyptiennes. Il reste maintenant au nouveau gouvernement à surmonter les embarras financiers que lui a légués Abbas-Pacha, et ce n’est pas la moindre difficulté. On peut donc prévoir pour l’Égypte un règne intelligent, protecteur et sympathique pour l’Europe.

CH. DE MAZADE.




REVUE LITTÉRAIRE.


LEZIONI DI STORIA SUBALPINE (LEÇONS D’HISTOIRE SURALPINE), par M. Paravia, professeur d’histoire et d’éloquence à l’université de Turin[1]. — L’auteur de ces études publie chaque année depuis 1850 un ou deux volumes qui sont le résumé de son enseignement. Nous ne nous bornerons donc pas à rendre compte ici du dernier ouvrage qu’il vient de publier ; nous croyons devoir aussi dire un mot de ses aînés, qui ont encore, indépendamment de leur valeur réelle, tout l’attrait de la nouveauté pour le public français.

Il faut avant tout parler un peu de l’auteur. M. Paravia est de ces écrivains qui ne se recommandent pas moins par la générosité du caractère que par les qualités de l’esprit. Né à Zara, en Dalmatie, il a créé dans cette ville une bibliothèque publique aux dépens de celle qu’il avait formée pour lui-même à grands frais ; chargé par le roi Charles-Albert de fonctions importantes dans le haut enseignement, il a fait don à ce prince de la bibliothèque toute militaire du capitaine Paravia, son oncle, ancien officier au service de la république de Venise ; professeur, il a vu passer bien des générations ; ses élèves, malgré de naturelles divergences d’opinion, sont restés ses amis. M. Paravia est le vir bonus des anciens ; on ne peut douter, après avoir lu ses ouvrages, qu’il ne soit en même temps dicendi péritus.

C’est en 1850 qu’a commencé la série des publications de M. Paravia. Ses Memorie Venesiane di Litteratura e di Storia, qui parurent alors, sont un recueil d’études historiques et littéraires sur quelques auteurs vénitiens, comme Cozzi, Bernardo et Carlo Cappello, oncle et père de la fameuse Bianca

  1. Deux volumes, Turin 1851-54.