Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 8.djvu/1009

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

seille et Lyon, — Gênes, Pise et Florence, Rome, Naples, Syracuse Venise, Malte et Cythère, — Lacédémone, Athènes, Constantinople, Smyrne, Rhodes, Alep, Antioche, Éphèse, Tyr, Jérusalem, Alexandrie et le Caire, — Tunis, Alger, voilà les illustrations sans rivales de la Méditerranée depuis trente ou quarante siècles. Avant la grande découverte de Christophe Colomb, c’était à peu près le monde entier civilisé, à part l’Allemagne et l’Angleterre. On a remarqué depuis longtemps que le pouvoir et les lumières avaient constamment marché vers l’Occident. Des parages de l’Inde, de l’Égypte et de l’Asie-Mineure, la force et l’intelligence étaient passées dans la Grèce continentale et insulaire, de la Grèce en Italie, puis de là en Espagne, en France et dans l’Allemagne occidentale, où elles semblent fixées pour longtemps. L’Angleterre, à l’extrême occident de l’Europe, est bien loin de donner un démenti à cette assertion. Espérons que, sans quitter l’occident de l’ancien monde, les principes organiques des sociétés européennes, — la science et le travail, — Produiront de l’autre côté de l’Atlantique une autre Europe compacte de 250 millions d’hommes dans un pays supérieur au nôtre en étendue et en fertilité, et placé du reste dans des latitudes analogues. Espérons encore que la civilisation renaîtra dans l’est de la Méditerranée, qui lui a déjà servi de berceau.

L’amiral Smyth, qui sous le nom de « capitaine Smyth » avait rendu son nom célèbre comme astronome, comme hydrographe, ayant travaillé à la détermination des points principaux des cartes de la Méditerranée, et comme navigateur civil et militaire, a eu l’heureuse idée de rassembler sous ce titre, la Méditerranée, tout ce que ses travaux et ceux de ses contemporains, comme aussi de ses devanciers, nous ont permis de recueillir sur ce vaste bassin, considéré par rapport à la terre entière, par rapport aux productions et au commerce des nations qui l’entourent, et surtout par rapport à leur caractère distinctif en général. Il décrit encore le climat, les vents régnans, les influences salubres ou malfaisantes de l’air dans chaque localité. Il donne des exemples et des applications de tous les principes qu’il établit. L’histoire et les sciences sont tour à tour mises utilement à contribution par M. Smyth. Le vent d’ouest, dominateur de nos latitudes, le mistral, le sirocco, le levantin, la bora, le libecchio, la tramontane et les vents étésiens arrivent et se chassent dans ce tableau, fortement conçu pour le plan et riche de détails innombrables. À côté d’un fait dont la date remonte à la Bible ou à Homère se trouvent des observations qui datent de la guerre anglo-française du commencement de ce siècle, et des explorations encore plus récentes de l’auteur et des marins français qui ont travaillé en même temps que lui et depuis lui à l’hydrographie de cette mer. M. Smyth est, comme il le dit d’un autre marin, homme de