Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 8.djvu/1130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un appareil propre à étudier les lois de la chaleur rayonnante. C’est à l’habile emploi de cet instrument que Melloni doit son illustration, et la philosophie naturelle une de ses plus belles pages.

L’appareil inventé par Nobili a exercé une trop grande influence sur la destinée scientifique de Melloni pour que nous ne le décrivions pas avec quelque détail. On prend deux métaux particuliers, l’un est le bismuth, l’autre l’antimoine; on les façonne en barreaux allongés ayant la grosseur des aiguilles à tricoter, puis on les coupe en petites tiges à deux centimètres de longueur environ. Cela fait, on soude à l’extrémité d’un barreau de bismuth le bout d’un morceau d’antimoine; à celui-ci on soude un deuxième barreau de bismuth, et on continue ainsi de façon à former une chaîne continue dont les parties sont alternativement composées des deux métaux réunis bout à bout. On replie alors la chaîne sur ses soudures, on ramène le long du premier barreau de bismuth le morceau d’antimoine qui lui est soudé, sur celui-ci le deuxième cylindre de bismuth, et ainsi de suite. La chaîne finit par prendre l’aspect d’un faisceau dont tous les élémens sont couchés l’un sur l’autre; elle a la forme d’un paquet d’allumettes, et sur ses deux extrémités se rangent les soudures destinées à faire adhérer entre elles les diverses aiguilles des deux métaux réunis. Les deux bouts de cette chaîne sont alors mis en communication par un fil métallique auquel on peut donner telle longueur que l’on veut.

Cet instrument jouit d’une très remarquable propriété : quand on garantit l’une de ses faces de tout rayonnement, et que l’on fait tomber sur l’autre la chaleur émanée d’un foyer quelconque, il devient une pile de Volta : un courant d’électricité prend naissance, circule dans les parties hétérogènes qui constituent la chaîne et se prolonge dans le fil métallique qui en joint les extrémités.

Voilà donc un effet produit par la chaleur; elle donne naissance à un courant d’électricité; quand elle est intense, le courant est énergique; quand elle diminue, il décroît; quand elle cesse, le courant disparaît, et on comprend que si on peut trouver un moyen de mesurer l’intensité du courant électrique développé dans ces circonstances, on aura par cela même un procédé pour en mesurer la cause, c’est-à-dire la quantité de chaleur qui échauffe la pile.

Or il est un moyen général et très simple d’apprécier la force d’un courant électrique, c’est de placer dans le voisinage du fil métallique qui réunit les deux bouts de la pile une aiguille aimantée : quand un courant traverse le fil, l’aiguille est impressionnée et se déplace; s’il est fort, la déviation est considérable; s’il diminue, elle décroît; s’il est nul, la déviation disparaît. L’aiguille aimantée que l’on emploie est ordinairement disposée dans un appareil construit à cet effet et que l’on nomme galvanomètre.

On peut dès lors ne pas se préoccuper de l’électricité qui sert pour