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Le spectre lumineux qu’avait étudié Newton commence au rouge et finit au violet, mais il n’a pas dans toute son étendue une égale visibilité; les deux extrémités sont très sombres, et le pouvoir éclairant qui s’y manifeste à peine se développe et s’accroît peu à peu quand on marche de ces limites à la partie moyenne, où se place le jaune et où se trouve le maximum d’éclairement.

Nous savons maintenant, au moins nous admettons, que chacun des rayons simples qui s’étalent ainsi possèdent, en même temps que la propriété d’affecter l’œil, celle de chauffer les objets, et quand nous étudions les variations de cette nouvelle propriété, nous voyons qu’elle commence au violet, qu’elle croit progressivement jusqu’au jaune, mais que, loin de diminuer au-delà de cette couleur, elle continue sa marche ascendante jusqu’à une grande distance du rouge, pour diminuer enfin et s’éteindre à son tour.

En même temps que l’on étudiait les propriétés calorifiques des rayons, d’autres expériences, entreprises dans une pensée différente, conduisaient à des découvertes intimement liées à celles d’Herschel. On chercha s’il n’existait pas un nouvel ordre de rayons dépassant l’extrémité violette du spectre solaire, comme les radiations de chaleurs obscures dépassent la limite rouge, et on parvint à en démontrer l’existence.

Que l’on prenne une lame préparée à l’effet d’obtenir une image daguerrienne, et qu’on reçoive sur sa surface le spectre solaire bien épuré : il s’y peindra comme une épreuve photographique avec les plus délicates particularités, qui s’y voient à l’œil. Chaque rayon impressionne donc la couche sensible déposée sur la lame, et jouit ainsi d’une troisième propriété qu’il faut ajouter à celles d’éclairer et d’échauffer; mais ce nouveau pouvoir, comme les précédons, n’a pas la même intensité dans sa manifestation pour tous les rayons indistinctement. Il est à peu près nul pour les rayons rouges, et il s’accroît progressivement jusqu’au violet. Il ne se termine pas là; l’image obtenue se prolonge au-delà de la limite visible et ne s’éteint qu’à une très grande distance d’elle. Il y avait donc encore après le violet des rayons que l’œil ni le thermomètre ne faisaient pas découvrir, mais dont l’existence est révélée par les impressions photographiques.

Après cette découverte, dont l’importance est immédiatement appréciée, les idées que nous nous faisons sur les radiations solaires se transforment et s’agrandissent; nous généralisons les conceptions de Newton, d’Herschel et de Melloni, et nous voyons que le soleil est la source de rayons en nombre infinis, différens tous entre eux, quoique dus à une cause commune, et pouvant se séparer dans un prisme qu’ils traversent avec des réfrangibilités inégales. Ceux dont