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la réfrangibilité est moyenne se montrent entre le rouge et le violet; ceux qui se réfractent plus s’étalent après cette couleur; ceux qui se dévient moins bordent et dépassent la couleur rouge.

Ces rayons ont en général une triple propriété, celle d’échauffer, d’éclairer et de produire les impressions daguerriennes, mais ils ne la possèdent pas tous à un même degré d’intensité; le pouvoir d’échauffer commence avec les moins déviés, s’exagère jusqu’à un certain rayon obscur voisin du rouge, et diminue ensuite dans les rayons lumineux pour cesser aux rayons violets et ne se plus retrouver dans ceux qui les suivent. Le pouvoir d’éclairer ne commence qu’aux rayons rouges, il grandit jusqu’au jaune et s’éteint au violet obscur. Enfin le pouvoir d’impressionner commence après les rayons rouges, et se termine à une grande distance du violet.

La théorie qui explique les phénomènes lumineux va maintenant se généraliser elle-même et s’appliquer à tous les rayons dont l’existence nous est connue. Chacun d’eux est le produit d’une vibration éthérée qui se propage en ligne droite; elle peut être lente, et alors elle donne de la chaleur obscure; elle peut s’accélérer peu à peu, et le rayon qui prend naissance devient lumineux; puis, l’accélération des vibrations se continuant encore, il sera un rayon chimique. La question s’est ainsi considérablement agrandie, et la théorie des ondulations se transportant naturellement du domaine de la lumière à celui de la chaleur, tous les faits de l’optique moderne que cette théorie a expliqués ou fait découvrir ne doivent plus être particuliers à la lumière et deviennent des propriétés communes à tous les rayons solaires. Une multitude de travaux s’est ainsi offerte aux expérimentateurs avec l’exemple de ceux qui ont été faits dans l’optique, et la presque certitude de résultats que l’on pouvait calculer à l’avance. Ces travaux ont été exécutés avec beaucoup de précision, et la conséquence générale a été celle qu’on en devait attendre : la chaleur se polarise, elle éprouve la double réfraction dans les cristaux, elle suit les lois numériques de la réflexion et de la réfraction que l’on avait trouvées pour la lumière. En un mot, toutes les modifications que l’on fait subir à une ondulation éthérée peuvent se manifester indifféremment ou par son pouvoir calorifique, ou par sa faculté d’impressionner, ou par sa propriété éclairante. Dans ces travaux qui complétaient si heureusement une si longue série d’expériences et de discussions, Melloni eut sa part : elle ne fut pas aussi grande qu’elle aurait dû l’être; ce n’est plus lui qui joua le principal rôle. Il semble que son premier, son unique soin, après avoir accepté la théorie de l’identité, aurait dû se porter sur les importantes vérifications dont nous venons de parler, et qu’il aurait pu les esquisser à grands traits en montrant généralement qu’il n’y a pas une seule