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l’Ascension à la coupole de la cathédrale, je comprends très bien qu’on préfère l’Assomption à l’Ascension. L’invention que l’auteur a prodiguée dans le premier de ces deux poèmes explique cette prédilection.

Ces deux coupoles, qui ont soulevé tant de questions dans le domaine purement poétique, ont suscité aussi de très vives discussions dans l’ordre technique. Le parti adopté par Antonio à l’égard de l’architecture, en agrandissant le champ de la peinture, réduit l’architecture à néant. Antonio, au lieu de respecter la surface solide offerte à son pinceau, prend plaisir à la trouer. Il dispose dès lors d’un espace illimité, et c’est à la faveur de cet agrandissement qu’il multiplie les raccourcis. Son exemple a trouvé de nombreux imitateurs, qui ont pris soin d’en démontrer tous les dangers. Pour tous ceux qui ont pris la peine de méditer sur ce problème délicat, il est aujourd’hui hors de doute qu’il vaut mieux en pareille occasion respecter les divisions de l’architecture et ne pas trouer la surface offerte au pinceau. Toutefois il ne serait pas juste d’imputer au génie d’Antonio toutes les extravagances commises en son nom. Les périls de son exemple ne sauraient lui être comptés comme une faute personnelle.

Ce qui demeure établi, c’est qu’il a fait de la perspective verticale un emploi plus hardi que ses devanciers, et que dans son ardeur pour cette nouveauté savante, il n’a pas su s’arrêter à temps. Il a trop souvent procédé comme un homme égaré par le désir de montrer son habileté. Pour le juger en toute équité, il faut oublier les fruits de son enseignement et considérer son œuvre en elle-même. Or les deux coupoles de Parme occupent dans l’histoire de l’art une place considérable, et méritent une attention aussi assidue, aussi profonde que les grands travaux de Rome et de Florence. Si elles ne satisfont pas à toutes les conditions exigées par le goût et indiquées par l’étude de l’antiquité, elles excitent vivement l’imagination et révèlent une singulière puissance. Pour se tromper comme s’est trompé Antonio, il faut posséder des facultés de premier ordre, et les erreurs d’un tel génie ne doivent être signalées qu’avec respect. D’ailleurs, quelques reproches qu’on puisse lui adresser, les évangélistes et les docteurs de San-Giovanni rachètent amplement toutes ses fautes. C’est ce que ne doivent jamais oublier les esprits les plus sévères.

Après avoir parlé des peintures murales du Corrège, il nous reste à examiner les tableaux de galerie qui jouissent en Europe d’une légitime et universelle renommée. J’essaierai d’abord de caractériser les tableaux qui se trouvent à Parme. Les plus célèbres sont le Saint Jérôme et la Vierge à l’écuelle. Le premier de ces tableaux a séjourné pendant quelques années en France. Il est d’ailleurs connu